Dolan petit génie du cinéma, à peine 20 ans et déjà à Cannes, tout ça, tout ça .... mouais.
Il est talentueux, il n'y a pas de toute, le film est plein de qualité. Sa narration, son rythme, son cadrage, sa photo, tout est précis. Un bon élève ce Dolan, mais surtout un grand esthète maitre du vintage. Il connait tout ce qui s'est fait et pioche, il fait son shopping cinématrogrpahique hype et tout y passe : gimmick (mains dans la nuque, dans le cheveux, façon d'allumer sa cigarette), effets (les fameux ralentis...), musiques, citations, private jokes, humour québécois et humour gay, mais surtout les fringues et les décors. Tout est copié/stylisé, mais bien soigneusement choisit, dans les références on évitera tout ce qui est trop récent, trop social, on salue Wharol on oublie Godard, on prend Bang Bang mais pas celui de Kill Bill celui de Dalida. L'esthéte choisit. Non plus que ça, il juge et son verdict est clair, tout ce qui n'a pas vieillit ne mérite pas sa place dans son cinéma, c'est pas vintage.
Et ça là que ça coince, l'accumulation des références n'est pas un mal, mais il faut que se soit une façon de créer pas une façon de classer, pas une façon de séparer le cinéma, les fringues, la musique en ce qui est "beau" et ce qui est "moche". On obtient un portait bourgeois de jeunes bobos qui le sont tout autant, au point que s'en est insupportable pour Dolan lui même qui se sent obliger de se salir, la scène de masturbation et l'humour sont là pour ça, pour éviter l'indigestion.
J'aimerais suivre Dolan, croire que quand il me montre ces trois jeunes habillés de fringues à 1000 boules il nous montre autre chose que les fringues et les coiffures, mais non, jamais on ne dépasse ce stade. Jamais il ne filme, jamais il ne raconte, il montre son goût et je n'arrive pas à me défaire de cette idée que dans chacun de ces gestes il attend l'approbation de cette communauté au vêtements bariolés, cheap mais chers, vieux donc collector. Et le sursaut d'émotion que l'on a face au talent technique qu'on ne peut que reconnaitre, retombe bien vite. Ce film et à l'image de ceux qu'il vise, de ceux dont il parle, de son réalisateur, dont la joie n'est que dans la reconnaissance des codes qu'il proclame avec une sûreté proche de l'insolence.
Oui mais voilà, "C'est pas parce que c'est vintage que c'est beau". J'attends du Dolan moderne, contemporain, futuriste et expérimental même, et je suis prêt à lui donner une autre chance, mais pour çaa il va falloir qu'il s'extirpe de ce carcan social, qu'il arrête d'être un bobo. Ironie de l'histoire, c'est surement en vieillissant que ça viendra.