Critique initialement publiée sur CloneWeb.net


En août 2001 sortaient deux petits livres dérivés de l’univers de Harry Potter : le Quidditch à Travers les Ages et Les Animaux Fantastiques, tous deux édités dans un but caritatif, les recettes des bouquins étaient reversés à l’association Comic Relief. Officiellement écrit par Norbert Dragonneau et mis à disposition des Moldus pour donner de l’argent aux associations, le livre est un bestiaire recensant des animaux. L’édition disponible a été annoté par Ron Weasley, ce qui la rend originale à lire. Elle est également complétée par une petite préface et de quelques pages explicatives, donnant quelques rares éléments sur la vie de son auteur.


C’est à partir de ces 96 petites pages qu’est né le film de David Yates, premier volet d’une saga en cinq volet et le premier scénario écrit par J.K. Rowling elle-même après la série de bouquins bien connue. On y fait la connaissance de Nobert Dragonneau (Newt Scamander en VO) qui débarque à New York à la fin des années 20. Là-bas, différentes créatures s’échappent de sa valise magique et il part à leur recherche. En parallèle, et dans un monde où les sorciers cherchent à se planquer le plus possible (interdisant d’ailleurs les animaux fantastiques), une force invisible détruit la ville. Et l’ombre du magicien Grindelwald, qui sème la terreur en Europe, plane sur celle-ci.


Il faut bien admettre que le début des Animaux Fantastiques est laborieux. Une fois l’univers introduit, on se tape une scène façon vaudeville dans une banque assez ratée et un personnage, Tina incarnée par Katherine Waterstone, qui prend des décisions qui n’ont pas de sens. Pourtant, une fois ce chapitre passé, l’histoire finit par se tenir et devenir intéressante. J.K. Rowling développe ce nouveau pan de son univers avec talent et imagination, sans chercher la référence gratuite à Harry Potter et donnant du corps à l’aspect « vie civile » des magiciens, mis de coté dans les bouquins au profit de ce qui se passait à Poudlard. Si l’histoire de Dragonneau est simple au possible, la seconde partie de l’intrigue menée par Colin Farrell est bien plus prenante. Ainsi, quand les deux arcs narratifs finissent par se rencontrer, on entre dans le vif du sujet. Et tout se tient.


Il faut ajouter que J.K Rowling s’amuse avec Norbert Dragonneau et ses compagnons, qui n’ont rien de commun avec l’univers du sorcier anglais. On découvre avec bonheur les trésors que recèlent la valise magique, qui contient bien plus que vous pouvez l’imaginer. Eddie Redmayne est d’ailleurs parfait pour le rôle, avec sa démarche chaloupée et presque maladroite. L’inclusion de ses aventures dans l’Histoire, celle avec un grand H, rajoute une dose d’intérêt supplémentaire d’autant qu’on est qu’à une dizaine d’années du début de la Seconde Guerre Mondiale qui finira par être évoquée quelque part dans la saga, d’autant que le fameux Grindelwald, magicien noir proche de Dumbledore évoqué dans Les Reliques de la Mort, y est lié (les lecteurs savent qu’il a affronté Albus Dumbledore en 1945 et on n’a aucun mal à imaginer qu’un prochain volet des Animaux Fantastiques racontera ce pan de l’univers).


Si la qualité de l’écriture est à souligner et si le film cherche à éviter le plus possible la « séralisation » à la Marvel et le coté « on vous racontera ça dans le prochain volet », il faut admettre que l’absence de support papier manque pour affiner certains détails. Certes, il n’est normalement pas obligatoire d’avoir lu les livres pour comprendre les adaptations, et ça fonctionne très bien ici, mais les lecteurs des pages de Rowling auront plus de mal à se projeter ici. Ou voudront en savoir d’avantage.


Mais le gros problème du film vient de la réalisateur. David Yates avait livré des derniers volets de la saga Harry Potter de bonne facture (les Reliques de la Mort est sans doute son chef d’oeuvre) mais il n’avait eu qu’à reprendre un univers déjà établi par ses prédécesseurs. Ici, il galère à devoir mettre en place ce nouveau pan de l’univers sorcier. La fameuse scène dans la banque évoquée plus haut est des plus mal foutues et dans l’ensemble, la réalisation manque de souffle, manque de la patte d’un auteur comme Chris Colombus ou Alfonso Cuaron. Yates est un faiseur interchangeable et le film aurait eu besoin de quelqu’un d’autre pour monter d’un cran en matière de qualités.


Heureusement, le sujet et les personnages sont suffisamment réussis pour qu’on passe un très bon moment. Même James Newton Howard fait du bon boulot coté musique. Les Animaux Fantastiques se voit et se reverra avec plaisir. Et maintenant qu’on sait que ce sera une saga en cinq films, on a désormais hâte de découvrir les prochaines péripéties de Norbert Dragonneau.

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le 17 nov. 2016

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