Je le dis d'emblée : J'ai vraiment, vraiment totalement adhéré à ce film.
Pour ma seconde sortie ciné de l'année (oui, sale pauvre, etc. ) je suis allé voir les Animaux fantastiques sans la moindre attente. Pire, tout au fond de mon âme damnée de presque trentenaire, je supputais un métrage enfantin, tirant les vielles ficelles de la nostalgie, à l'instar des précédents HP. J'avais tout faux.
En premier lieu, je tiens à préciser que si j'ai grandis avec les livres HP et beaucoup aimé ceux-ci, j'ai jamais beaucoup apprécié les films, qui au-delà de l'exploit de production ( même acteurs sur 12 ans etc ) étaient globalement assez faibles, en tant qu'objets filmiques pures. C'est pas du tout le cas ici.
L'histoire n'est sans doutes pas le point fort des Animaux fantastiques. Un sorcier anglais se rend à New York, des monstres plein sa valise, mais certains s'échappent et il devra s'employer à les retrouver, épaulé par des acolytes croisés en chemin. De cette base, plusieurs intrigues parallèle naîtrons. Classique, certes. Mais bien emmené par la première force qui m'a marquée dans ce film, le casting.
C'est simple, tous les personnages sont des clichés : Le jeune héros timide et un peu maladroit, le sidekick moldu gros et rigolo, la nana d'abord méchante puis courageuse, les méchants chasseurs de sorciers. Ça m'aurait vite gavé si le film n'avait pas pris un malin plaisir à démolir tous ces clichés, sans complexes, principalement via le jeux des acteurs.
Eddie Redmayne nous livre une prestation assez proche de ce qu'il avait fait dans l'atroce une merveilleuse histoire du temps. Un peu timide, un peu maladroit, mais finalement pas trop.Loin du cliché. Crédible et juste, je l'ai trouvé impeccable, globalement supérieur que dans sa prestation injustement oscarisée.
Dan Fogler est lui aussi parfaitement juste. Souvent plus touchant que drôle, il campe ce non-mage complètement paumé au milieu de ce bordel magique avec une admirable retenue.
Retenons également Ezra Miller pour son interprétation glaçante, totalement habitée et premier degré de Croyance.
Autre point notable du film : L’esthétique. Les effets spéciaux sont hallucinants, notamment la gestion des particules. La photo est sombre, assez froide et les différents design ( les monstres notamment ) très réussis. Cerise sur le gâteau, moi qui déteste habituellement la 3D, je l'ai trouvée ici utile et spectaculaire. La bande son est elle-aussi une franche réussite, au passage.
Bien que jalonné d'humour ( assez drôle, souvent ), le film est plutôt sombre. Voir parfois carrément dark, notamment à travers le personnage de Croyance.
L’interprétation habitée de l'acteur, le traitement absolument premier degré et presque entièrement dénué d'empathie de ce jeune homme abusé et limité mentalement est glaçant. Une vraie force dramatique pour ce film.
Les références à Harry Potter sont très rares et je salue ici la prise de risque. On change de ton, d'époque, de style. On ne tire pas les vielles ficelles de la nostalgie mais on accepte de faire table-rase et de commencer une nouvelle histoire. Chapeau.
Le film a bien quelques défauts. J'ai trouvé les scènes mélos en-dessous des moments plus dramatiques ( sauf celle de fin pour le non-mage, touchante ). Quelques blagues sont un peu faciles. L'outro est trop longue. Bien que visuellement réussies, les scènes de destruction sont trop faciles. Quelques paresses scénaristiques.
Mais y'a pas à chier des clous, ce film est probablement le meilleur divertissement grand publique que j'ai vu cette année. C'est audacieux, beau, bien joué, bien amené. Avec Yale aux commandes, franchement, jamais je ne m'en serais douté. Pour moi ce film est largement supérieur à tous ceux de la franchise HP réunis. Je ne peux que chaudement recommandé son visionnage.