Dans le cinéma de ses vingt dernières années, plusieurs sagas cinématographiques adaptées de sagas littéraires ont été portées à l'écran, avec plus ou moins de talent et de succès. Mais parmi elles, on retiendra notamment Harry Potter, pour son succès critique, sa longévité (8 films en 10 ans), son talent à être allé chercher le meilleur de ce que le cinéma britannique pouvait offrir quand on lui donnait des moyens hollywoodiens. Après ça, la Warner a dû se sentir bien con, sans grand projet autre que d'adapter ce dont elle a les droits depuis près de 30 ans : les licences de super-héros DC, assurant les films du DCCU sur grand écran et le Arrowverse sur le petit. Mais les fans de Harry Potter sont tenaces, les communautés encore hyper-actives, s'amusant à décortiquer à longueur de posts Tumblr des finesses d'écriture dont je suis persuadé de J.K. Rowling n'avait pas la moindre idée. Donc, l'idée de produire de nouvelles adaptations de l'univers étendu créé par Rowling, oui, mais où ? quoi ? qui ? quand ?
J.K. Rowling se charge de répondre à la question en écrivant elle-même le scénario du film basé sur un livre complémentaire de l'univers Potter : Fantastic Beasts and Where to Find Them. Elle imagine ainsi la vie de son vrai-faux auteur, Newt Scamander, magizoologiste parcourant le monde armé de son savoir et sa volonté de protéger les créatures magiques. Mais c'est un peu léger, donc autant ressortir la menace d'avant la menace, celui qui a précédé le méchant de la première saga, Gellert Grindelwald.
Le résultat est donc un film où on a l'impression que le titre est un prétexte à la préquelle. En effet, les Animaux fantastiques sont là, dans leur diversité, leur bizarrerie et leur majesté, mais l'intrigue nous rappelle constamment qu'elle avance essentiellement avec la recherche de Grindelwald et cette secte des Fidèles de Salem qui se manifeste dans New York alors qu'elle est assaillie par une force noire inexplicable. L'équilibre est mal géré, n'arrivant pas parfaitement à gérer les deux sujets conjointement, étonnant de la part de David Yates, qui a tout de même réalisé la moitié des films Harry Potter, mais peut-être la faute en incombe à J.K. Rowling elle-même, qui a écrit comme une romancière et non comme une scénariste
Autre problème : le personnage principal. Je ne suis pas spécialement fan d'Eddie Redmayne, qui campe un sorcier aventurier mais timide et méchamment inspiré du Docteur (l'imper, le nœud papillon, l'écharpe, le monde gigantesque qui tient dans un contenant plus petit que le contenu, c'est juste moi ou...?). Et quand je sais qu'il va y avoir quatre films avec lui dans les années à venir, je me demande sincèrement si j'ai envie de le suivre, d'autant plus, une fois encore, que je ne vois pas pourquoi il se mêlerait aux événements à venir vu à moins que ce soit, comme ici, malgré lui. Les autres personnages
Bon, je critique, je médis, mais au final je n'ai pas passé un mauvais moment. Le film se tient en soit, il était agréable de voir un monde de sorciers adultes usant de magie de façon plus naturelle, suite logique de huit films où on a suivi la formation de magiciens, et montrer le pendant américain du monde magique était bienvenu. Mais j'ai deux ans pour me décider à suivre ou non les pérégrinations de Scamander, et ça, c'est pas gagné.