Il était écrit que l’univers de Harry Potter ne disparaîtrait pas avec Les reliques de la Mort. Après une pièce au succès fulgurant sur la progéniture du sorcier qui passionne la scène londonienne (L’enfant maudit), J.K Rowling s’est lancée dans l’écriture des Animaux Fantastiques, variation romancée d’un bestiaire imaginaire publié sous forme de dictionnaire en parallèle de ses aventures littéraires.
Il s’agit là de son premier scénario originale, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a rien perdu de son don hors norme pour le merveilleux. Dans le New-York des années folles, vibrant et insouciant, elle crée un tout nouveau monde pour les sorciers, à l’imaginaire riche et suffisamment différent de la saga originelle (à la fois géographiquement et temporellement) pour éviter la redite et faire des Animaux Fantastiques un projet ambitieux et légitime.
L’approche et brillante, l’exécution en revanche légèrement décevante, la faute à un scénario par trop paresseux. La recherche des animaux magiques échappés dans New York plombe un peu le récit par son côté répétitif et la redondance de ses effets, malgré l’inventivité des créatures. Le fond du récit laisse quant à lui un peu sceptique (notamment l’introduction des obscurus, tirée par les cheveux et assez maladroitement traitée). On regrette surtout que le film cède sur la fin à la surenchère numérique et destructrice qui pollue les superproductions depuis quelques années et qui n’était jusque-là pas dans les gènes de la saga.
En outre, le personnage central, Norbert Dragonneau, suscite un intérêt tout relatif, d’autant plus que son interprète (Eddie Redmayne), est toujours aussi maniéré et agaçant dans son jeu. Il cristallise le principal défaut du film, des personnages peu attachants et une immersion du spectateur dans ce nouvel univers moins évidente qu’avec Harry Potter, qui bénéficiait il est vrai de la notoriété des bouquins. Les Animaux Fantastiques est donc logiquement moins dense, plus confus que la saga originelle, mais on peut difficilement lui en vouloir. Il pose des bases suffisamment solides pour croire à des développements plus complexes dans les prochains opus, surtout si Croyance, le personnage le plus intense et le plus intéressant, en est l’un des principaux protagonistes.
C’est en somme une distrayante introduction à des enjeux à venir qu’on devine plus riches et plus politiques autour du combat sur la divulgation ou non du monde des sorciers aux humains, et tout ce que ça impliquerait.
J.K. Rowling semble vouloir transporter ce nouveau monde en Europe, et en particulier en France, et on se met à rêver de croiser à Paris les grandes figures artistiques de l’entre-deux guerres. On en croit l’auteure capable en tout cas.
Si les Animaux Fantastiques premier du nom nous laisse un peu sur notre faim, il porte en lui malgré tout de belles promesse. De bonne augure, sachant qu’on peut faire confiance à J.K. Rowling pour construire sur la longueur un récit aussi exaltant que cohérent. On y reviendra donc.

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le 25 nov. 2016

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