L'univers magique s'étend au profit d'un propos centré sur la zoophilie platonique. (je fais une phrase d'accroche qui n'a rien à voir avec le sens de ma critique pour provoquer de l'intérêt, parce qu’apparemment, d'après mon peu d'expérience sur ce site, les gens préfèrent avoir un beau papier cadeau qu'un beau cadeau en soi...).


Après une désolante saga littéraire et cinématographique, au sein de laquelle la notion de parcours initiatique s'est vu salir par une mièvrerie et une pauvreté formelle et substantielle inégalées, contribuant à faire croire à une grande partie de la jeunesse privilégiée du monde que celui-ci se résume à la recherche d'une famille effective en pleurnichant simplement contre le mal à l'origine de cette carence affective, tout en se sachant un être différent, (évidemment), même dans un monde différent, (cheaté tout à la fois chez les moldus et chez les sorciers), confortant ainsi les pleureuses et les adolescents métro-sexuels dans leur fantasme de singularité et d'originalité par rapport au monde dans lequel ils refusent de grandir, et encourageant de ce fait la mollesse d'esprit et de corps d'une population fraîchement adulte définitivement irrécupérable (se sentant aujourd'hui supérieur en aimant Mademoiselle ou Premier Contact tout en méprisant les groupies de Twilight, alors que franchement, avec un peu de perspective, c'est du pareil au même), J.K Rowling et l'Industrie reviennent nous proposer Les Animaux fantastiques. Ersatz d' Harry Potter? Non : leçon de maturité.


En effet, Les Animaux Fantastiques est un long métrage emprunt d'un réalisme rafraîchissant et d'une lucidité nouvelle dans le monde du divertissement pour mioches, malgré les paillettes d'une super-production commerciale.
Dans ce monde (SPOILERS A VENIR), le personnage principal, bien que souffrant d'un léger trouble du spectre autistique, est un être ouvert sur les autres, mais préfère travailler avec les animaux. Cette pratique révélant chez lui un certain dégoût pour l'être humain et le sorcier, qu'il canalise justement grâce à son obsession pour les êtres qu'il considère innocents. Son penchant pour la dépression est confirmé au cours du récit, lorsqu'on apprend que celui-ci avait l'habitude de coucher avec Leta Lestrange, sœur de la psychotique Bellatrix, qui était elle-même (Leta), légèrement hystérique.
Voilà des personnages cohérents.


De la même façon, dans les Animaux Fantastiques, quand un gosse est bolossé depuis sa tendre enfance par un substitut de parent porté sur le sadisme rituel, essentiellement pour ses attributs magiques (ça vous rappelle quelqu'un ?), le gamin devient un jeune adulte à moitié taré, créant d'ailleurs un être magique maléfique (un Obscuriale) dont il devient l'hôte à moitié consentant, produit du sorcier contrarié qu'il est devenu, puis finit par trucider son tyran avant d'être buté par la totalité de la communauté magique de New-York parce qu'il est définitivement devenu cinglé et dangereux ; et pas un petit con tout juste perturbé par la vie de merde qu'il a toujours eu, la main sur le cœur, plein de bon sentiments, après des années de destruction psychique à base de séquestration sous l'escalier, enfin bref, vous comprenez où je veux en venir : du réalisme s'il vous plaît. Un minimum de cohérence. Et c'est ainsi que fonctionne Les Animaux Fantastiques.


Enfin, pour étayer mon avis d'un dernier exemple, l'intrigue principale soulève une ambiguïté qui fait du bien au cinéma populaire. Avant tout, je sais bien que J.K Rowling promeut la bienveillance et la paix sociale dans son œuvre ainsi que dans ses tweets, puisque maintenant qu'elle est sortie du caniveau et qu'elle est tellement riche qu'elle pourrait employer la Reine d'Angleterre pour lui tondre la pelouse, celle-ci a sûrement perdu le peu d'instinct et d'intelligence qu'elle avait encore à l'époque, lorsqu'elle était semi-clocharde, pour comprendre la complexité des mouvements sociaux. Et bien, j’émets un doute à cette affirmation.


Parce que Les Animaux Fantastiques, c'est quand même l'histoire d'un type, Gellert Grindelwald, qui analyse les rapports de force entre les sorciers et les moldus, et qui conclue que ce sont les moldus, qui sont guerriers, que ce sont les moldus qui ne supportent pas l'existence des sorciers, que ce sont des moldus qu'il faut contenir dans l'ignorance pour espérer vivre plus ou moins normalement, et que ce sont donc les moldus qui dominent. Face à ce constat, il refuse de s'incliner et décide d'essayer par tous moyens de déclencher un affrontement final. Et ce personnage, dans le film, bien qu'il apparaisse maléfique, démontre tout de même un certain contrôle de soi et une certaine capacité d'analyse. C'est un méchant ambigu. Un méchant ayant ses raisons. Il nous rappelle des vrais "méchants" du monde réel.


Un rapprochement peut d'ailleurs être fait entre les moldus que la communauté magique veut protéger (et pas Grindelwald), et les animaux fantastiques que Dragonneau veut protéger (et pas la communauté magique) ; ce rapprochement permettant de mettre en lumière une autre preuve de cohérence et de réalisme de ce film : les réticences des sorciers à révéler leur identité ne sont pas d'origine empathique (comme celles de Dragonneau), mais pragmatique, puisqu'ils ne sont pas sûrs de survivre à un affrontement avec les moldus, ou que les pertes seraient dans tous les cas trop grandes pour s'y risquer ; ce qui signifie qu'à contrario, si les sorciers étaient sûrs de pouvoir régler le problème moldu de façon rapide et sécurisée, tout le monde conviendrait donc d'une extermination?
Alors voilà, J.K Rowling n'est pas allé jusque là, en tous cas consciemment. Ce que je remarque, c'est que l'effort d'écriture donne un résultat étonnant, où les ressorts classiques et ennuyeux de la super-production côtoient des mécaniques subtiles et ambiguës, au sein desquelles les personnages prennent en crédibilité, les métaphores élégantes se déploient, et le souvenir d'un Harry Potter ridicule, sans substance, promoteur d'une forme d'encouragement à la stupidité adolescente, s'efface légèrement, pour un produit (oui, ça reste un produit) qui, malgré sa vocation d' être un objet de propagande progressiste, dit plus de choses à un public qu'il considère comme une assemblée de crétin à éduquer, que ne l'avait fait Harry Potter en sept livres et huit films.


A force d'être obsédé par le progrès, on finit par y arriver.

Lord_Maldobeurk
6
Écrit par

Créée

le 12 déc. 2016

Critique lue 496 fois

2 j'aime

Lord_Maldobeurk

Écrit par

Critique lue 496 fois

2

D'autres avis sur Les Animaux fantastiques

Les Animaux fantastiques
Maxime_T__Freslon
5

Dans la continuité de ses prédécesseurs... mais pas pour le meilleur.

EDIT ! Y’avait autant de raison d’être enthousiaste et heureux de voir la saga sur le sorcier à lunette au cinéma que d’être inquiet et sceptique quand on voit la politique actuelle des studios...

le 18 nov. 2016

91 j'aime

15

Les Animaux fantastiques
SmallThingsfr
8

Les Animaux Fantastiques : quand les sorciers se font équilibristes (100% spoiler)

Je l'ai attendu, elle est là. La nouvelle pierre de mon enfance. Harry Potter a aidé à construire beaucoup de choses en moi et, depuis la fin de la saga, j'attends son retour que je pensais...

le 16 nov. 2016

68 j'aime

7

Les Animaux fantastiques
ClémentRL
4

Critique de Les Animaux fantastiques par Clément en Marinière

J.K. Rowling, qui se heurte plus que personne à l'impossibilité empirique de se réinventer après le succès écrasant d'Harry Potter, se devait, pour la postérité, de laver sa réputation de l'infamante...

le 17 nov. 2016

60 j'aime

9

Du même critique

Voyage au bout de la nuit
Lord_Maldobeurk
5

Voyage au bout du Roman

Voyage au bout de la nuit est à la fois profondément révolutionnaire et profondément inutile. Lorsque j'ai découvert ce roman, l'année de sa sortie, écrit par un petit médecin de banlieue désabusé,...

le 13 déc. 2016

14 j'aime

8

Mademoiselle
Lord_Maldobeurk
2

Messieurs

Park Chan-wook récidive dans la médiocrité. 13 ans après un Old Boy frisant le ridicule, l'artiste sud-coréen s'obstine à proposer au monde sa petite (minuscule) idée de la vengeance. Évidemment, il...

le 11 déc. 2016

12 j'aime

4

Rogue One - A Star Wars Story
Lord_Maldobeurk
1

En dessous de zéro

Maintenant, tout le monde va devoir prendre ses responsabilités. Je le dis tout de suite : que personne ne me sorte l'argument crétin selon lequel la saga Star Wars est destinée aux enfants, ce qui...

le 14 déc. 2016

11 j'aime

15