C'est qui est chouette avec un cul, c'est qu'il est composé de deux fesses.
Et là, vous vous dites "Mais qu'est-ce qu'il nous chante, avec son cul ?"
Alors, déjà, je n'ai aucun talent de pétomane, et ensuite, laissez-moi vous expliquer.
Bien, donc, nous en étions à un cul a deux fesses. Chic. Et ce qui est bien, quand vous avez deux fesses et que vous voulez faire un film, c'est que vous pouvez écrire un scénario avec la fesse gauche et réaliser le film avec la droite.


Je n'ai jamais été fan du travail de David Yates concernant la franchise Harry Potter. Je continue à penser, près de dix ans plus tard, que ses quatre derniers opus étaient autant de bons gros mollards crachés au visage de tous les fans. Certes plutôt bon réalisateur, le travail d'adaptation avait en revanche été complètement ruiné. Je ne me suis toujours pas remis de Harry qui, quelques heures après la mort du plus puissant sorcier de sa génération lui servant par ailleurs de père spirituel, raconte à Hermione "je veux pécho la soeur de Ron lol". C'est un exemple flagrant pour moi de ce que Yates foire en tous points, et j'ai des dizaines d'autres exemples de ce type dans mes placards.
Mais en ce qui concerne les Animaux Fantastiques premier du nom, n'étant pas une adaptation, j'avais moins de choses à reprocher à Yates, mais plus à Rowling, qui n'avait manifestement pas compris que rédiger des romans et des scénarios, c'est pas du tout la même tisane.


La bande-annonce du deuxième volet semblait montrer un peu moins de scènes "pokemon go wizard edition" et se concentrer sur Grindelwald, et j'espérais retrouver un film comme le troisième opus des Harry Potter (qui reste mon préféré, ne vous en déplaise), sombre et mature.


C'était sans compter sur le combo Yates-Rowling, qui se sont surpassés dans la médiocrité.


Les Crimes de Grindelwald reprend donc quelques mois après la fin des Animaux Fantastiques. Grindelwald parvient à s'échapper, et cherche par tous les moyens à retrouver Croyance, dont il compte utiliser le pouvoir pour réaliser ses desseins. Dumbledore, qui ne peut s'attaquer directement à son ancien ami et amant, demande à Norbert Dragonneau de le faire pour lui.


Bien, passons donc sur le fait que Dumbledore a passé le plus clair de sa vie à foutre ses élèves en danger en les envoyant au casse-pipe, et commençons.


Et pour la suite de la critique, on va devoir parler du terme de diégèse. La diégèse, c'est ce qui désigne l'univers d'une oeuvre, sa cohérence, ses bases et ses faits. Gardez ça à l'esprit.


On suit donc Norbert qui va à Paris pour remonter la trace de l'obscurial et espère, au passage, retrouver Tina qui est également à la poursuite de Croyance.
Avant son départ, ses amis Queenie et Jacob le retrouvent chez lui, et l'on apprend que le sort d'Oubliettes n'a pas fonctionné sur Jacob. Apparemment ce sort n'efface que les mauvais souvenirs. Ok à vingt minutes de film, on est déjà en train de tabasser la diégèse à coups de pelle.


Le film va donc s'attarder sur plusieurs personnages avec chacun leur but, leurs destinations et leurs rencontres. On a d'un côté Norbert et Tina, qui veulent retrouver Croyance, Jacob veut retrouver Queenie après une engueulade, Croyance et Nagini veulent trouver les parents biologiques de Croyance, Yusuf Kama (un nouveau personnage) veut retrouver Croyance, Grindelwald attend que Croyance vienne inexorablement à lui, Thésée le frère de Norbert veut trouver Grindelwald, et Leta Lestrange fiancée à Thésée mais amoureuse également de Norbert veut trouver un truc aussi, genre la rédemption, mais je ne suis même pas sûr tellement c'est déjà le bordel total.


Le film se perd en sous-intrigues inutiles. La plupart des personnages passent leur temps à courir après des choses qu'ils n'obtiendront pas, ou lorsqu'ils les obtiennent, ça ne sert à rien. Le personnage de Yusuf ne sert à absolument rien dans le scénario et sillonne le monde depuis des années pour tenter d'accomplir une prophétie et sauver ses miches, alors qu'elle a déjà été réalisée. Leta cherche la rédemption sous les conseils de Dumbledore mais sa ligne de scénario coïncide bien trop avec toutes les autres pour que ça soit crédible.


Comment sait-elle que Yusuf est son demi-frère ? Comment est-elle rentrée à Londres puis Poudlard alors qu'elle avait été envoyée à New York quelques mois plus tôt ? Si elle meurt, alors qu'elle était la dernière Lestrange sur l'arbre généalogique, comment expliquer la naissance notamment de Bellatrix quelques décennies plus tard ? Prend ça dans ta face, la diégèse.


Nagini n'a aucune plus-value. Elle n'a même pas de but à elle, elle n'est qu'un meuble. Elle passe son temps avec sa main collée sur l'épaule de Croyance à tel point qu'on se demanderait s'ils ne sont pas siamois.


Le film multiplie donc les personnages secondaires, en noie certains dans des intrigues amoureuses vides de sens, puis par un coup de baguette magique (littéralement), toutes les intrigues mènent au même endroit au même moment, là où Grindelwald fait son meeting politique. C'est quelque chose, le hasard, hein ?


La psychologie des personnages est également très mal écrite.


Entre le sacrifice crétin de Leta, le retournement de veste de Queenie, et Tina qui est sèche comme un jour sans pluie simplement parce qu'elle croit que Norbert s'est fiancé...


vous comprendrez qu'on n'est pas aidés.


Ce qui m'a le plus tué est la révélation sur l'identité de Croyance. Ca sort de nulle part et n'a aucune cohérence scénaristique avec toute l'histoire des bouquins qui est en place depuis vingt piges, et qui a donc légitimement un caractère immuable, normalement. Mais non. A ce niveau-là, la diégèse, elle est déjà en arrêt cardio-respiratoire et on est en train de lui rouler dessus avec une dameuse à neige.
Il se pourrait que cette révélation soit totalement fausse et que Grindelwald l'invente pour manipuler Croyance. Mais si c'est le cas, faire d'un mensonge le cliffhanger du film est une idée abominable, parce que ça revient à se moquer des spectateurs et des fans.


Un autre point qui ne colle pas : quand Dumbledore et Gindelwald auraient-ils pu faire un Serment Inviolable, qui les empêche de se battre l'un contre l'autre ? Si c'est avant leur séparation, alors ils n'ont pas pu se battre, et Ariana, la soeur de Dumbledore, n'a jamais été touchée par un sort perdu et n'est pas morte. Donc c'est impossible. D'autant plus qu'il n'y a aucune raison de faire le Serment Inviolable de ne pas se battre contre quelqu'un avec tout se passe bien. Mais Dumbledore n'aurait jamais fait le serment de ne pas se battre contre celui qui a potentiellement amené à la mort de sa sœur non plus. Donc l'idée même du Serment Inviolable entre eux-deux est incohérente, quel que soit le moment où il a été prononcé.


Ensuite, je n'ai pas compris l'obsession de Rowling pour les arbres généalogiques, mais c'est à n'y rien comprendre. On nous annonce que Croyance est le demi-frère de deux autres personnages, puis en fait non (déjà là, on songe à l'abandon), puis en fait il est le frère d'un autre. Bref, ça part dans tous les sens.


Et au milieu de ces personnages et intrigues qui vrillent en gonade, il fallait bien mettre des animaux fantastiques. Ouais parce que c'est le titre du film, en fait. Et là où, dans le premier opus, les passages avec les animaux étaient trop légers et amusants pour coller avec les autres scènes beaucoup plus sombres et violentes mais au moins justifiés scénaristiquement parce que Norbert était là à la base pour trouver lesdits animaux, ici ça semble absolument forcé. Non seulement les passages avec les créatures contrastent trop avec le caractère terroriste des événements, et dire que le mélange des genres ne fonctionne pas est une litote, mais en plus ils sortent du chapeau (ou de la valise) et tombent complètement comme un cheveu sur la soupe.


Pour finir sur les personnages, disons que Tina est creuse et sans saveur, que Jacob n'a qu'un maigre intérêt, et qu'Ezra Miller surjoue en continue le personnage de Croyance.
Parce que, parlons un peu de la forme, maintenant. Et la forme, y'a pas de quoi bousculer une charrette. Les décors sont moins jolis que pour le premier film, et dès qu'il y a un peu d'action, les successions de plans sont bien trop cuts, mal cadrés et donnent la gerbe. Le film est à l'image de ses personnages : il passe son temps à transplaner.
Certains cadres sont plutôt bien trouvés, et d'autres n'ont absolument aucun sens. Pire, certains sont tremblants. Après cinq films de la licence à très gros budget, Yates n'est pas foutu d'avoir une caméra qui n'a pas l'air d'être sur ressort ? Vraiment ?


Heureusement le film a tout de même quelques points positifs, à commencer par le jeu de Johnny Depp. Ca fait du bien de le voir sortir de temps en temps de ses rôles de Jack Sarrow/Tonto/Chapelier Fou. Quant à Jude Law, c'est Jude Law, il a la classe et c'est inaliénable.


Il y a également un plan que j'ai trouvé magnifique : lorsque Grindelwald appelle ses partisans, de longs lambeaux de tissu montent contre les murs des bâtiments haussmanniens de Paris.
Et une réplique qui est superbe : lorsque Leta avoue ce qui la tourmente et la fait culpabiliser et que Norbert lui dit que ce n'est pas sa faute, elle lui répond "Y a-t-il un seul monstre auquel tu ne t'attaches pas ?"


Mais c'est à peu près tout. C'est ma déception de l'année. J'en attendais tellement, et il pouvait être excellent. Mais en reniant systématiquement tout ce qu'elle a établi dans son propre univers au travers des livres, Rowling signe un scénario brouillon, partant dans tous les sens, avec beaucoup trop de personnages, de coïncidences et de liens de parenté. On notera aussi la présence d'un caméo de McGonagall qui est sensée avec -8 ans au moment de l'intrigue. Bref, en ruinant continuellement la diégèse du film, Rowling risque de braquer tous les fans, soit suite à des incohérences, soit en remettant en cause des faits qui étaient admis depuis 20 ans et considérés comme immuables.
Yates ne parvient pas à sauver le film en livrant des images trop nerveuses et ternes et un montage qui ne rend pas bien compte de l'action.


Les Crimes de ce film ne sont pas ceux que l'on croit.

QuentinYuanMalt
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le 14 déc. 2018

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Yuan Cloudheart

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