Avé Ferrigno, ceux qui vont fort rire te saluent !

Qui a déjà rencontré des italiens leur connait cette capacité à s'exprimer de manière quelque peu débridée, ce petit brin de folie qui les caractérise et qui se retrouve parfois, entre autres arts, projeté sur les écrans du cinéma bis transalpin. Les Aventures d'Hercules est dans cette veine, et pas qu'un peu.


C'est le 2e opus, puisqu'un premier métrage, simplement nommé "Hercules", a vu le jour 2 ans plus tôt en 1983. Cette première oeuvre est déjà un très joli nanar, rivalisant avec d'autres ténors du milieu pour nous impressionner par son mauvais goût. Et une fois encore, Luigi Cozzi, puisqu'il était réalisateur du premier, nous remet le couvert pour nous régaler. Et quel régal !


Il n'est absolument pas utile de voir ce premier métrage pour voir Les aventures d'Hercules. De toutes façons, les premières minutes sont consacrées au rappel des précédentes péripéties. Ce pseudo générique dure pas moins de 7 minutes. Ca semble interminable, c'est une chienlit, et déjà on sens l'oeuvre s'installée sereinement dans le nanar et on se dit "ça va envoyer du bousin, je le sens". Et on ne se trompe pas.


Faut dire que Lou Ferrigno n'y est pas pour rien. Ayant le visage à peu près aussi expressif qu'une planche de bois, tout son jeu d'acteur passe par ces muscles. Ceux-ci d'ailleurs sont trop volumineux pour lui permettre de se déplacer avec souplesse et agilité. C'est aussi subtil qu'un camion benne qui tenterai de faire des dérapages lors d'un concourt de stunt ou de drift : ça dénote complètement, mais c'est du spectacle et on s'en réjouit. Chacune de ses apparitions est un délice, le summum étant atteint quand il renvoie un plasma-fantôme dans l'espace d'un coupe de fulguro-poing, puis ce même summum littéralement explosé (difficile à croire) quand il reçoit une épée et un bouclier offert par une déesse pour affronter son ultime adversaire. Faut voir les deux scènes, vraiment.


Mais ce qui plaira aussi et surtout à l'amateur de nanar dans cette oeuvre, et qui fera fuir illico les autres, ce sont ses effets spéciaux. Attention mesdames, attention messieurs, là c'est la grand braderie ! Pour 1 effet spécial acheté, on vous offre non pas 2, non pas 20 mais bien 200 effets spéciaux !


Au choix, vous aurez : des flash colorés à chaque coup de poing de Hercules, des étoiles scintillantes quand il y a un esprit, des halos lumineux entourant les dieux pour bien montrer que ce sont eux les boss, des rayon lasers nanars en tout genres (les mêmes que dans un film de SF, oui oui), des splash colorés quand un sortilège se produit, des déguisements en tissu/plastique/caoutchouc, des maquettes en plastique saupoudrées de fumée et sensées représenter un paysage vaguement hors du temps, des incrustations étranges (dessins à la main par un enfant ?) Il y en a pour tout les goûts.


C'est simple, on a l'impression que l'oeuvre elle-même finit par vomir de ses effets, tant ils sont utilisés à outrance. Plus le temps passe, plus ça sombre dans la décadence : on s'éloigne au fur et à mesure des décors terrestres classiques pour s'envoler vers ce monde horrible et plein de mauvais goût qu'est l'Olympe. Et ça va crescendo : passé les 2/3 du film, presque chaque scène nous régale de petites surprises ! Les paysages sont de plus en plus psychédéliques, les lasers pleuvent, et les bruitages sonores appuient consciencieusement cette chute inévitable vers la nanardise la plus débridée.


En commençant le visionnage, je n'avait pas regardé l'année de production. A la moitié du film, je m'étais laissé penser qu'il datait d'une époque ou l'on venait de découvrir les effets spéciaux (ou du moins qu'on pensait les "maitriser", genre années 60), et que la réaction du cinéma était alors celle d'un gosse qui découvre un nouveau jouet : on invente n'importe quelle histoire pourvu que le jouet y trouve une place, si possible avec moult bruitages de bouche bien sonores. Mais non pas du tout, Ferrigno n'est pas aussi vieux, et ce film date de 1985. Juste un mot : impressionnant.


Quand je vous parle d'un jeu d'enfant inventant une histoire puérile pour jouer avec ses nouveaux jouets, il s'agit ici bel et bien d'une histoire débile à propos de l'Olympe qui ne cadre pas du tout avec la véritable épopée d'Hercules, le seul point commun étant qu'on a repris des personnages bien connus de celle-ci, point barre.


A ce propos, les Dieux de l'Olympe sont tout juste une bande d'incapables, du genre grandes gueules mais pissent pas loin. A commencer par Zeus, qui a perdu ses 7 éclairs magiques et ne peux donc plus maintenir l'ordre du monde, comme quand toi tu perds les clés de chez toi, ça veux dire que la maison est voué à être détruite dans la semaine qui suit. Serait-il bien capable de traiter le problème lui-même, ce Zeus le dieu des dieux ? Evidement non ! Il lui faut envoyer son protégé Hercules pour sauver la Terre, et l'univers aussi (sinon le film n'aurait pas lieu, c'est con hein !). Les autres Dieux ont aussi leur touche de nullité.


Le combat final entre Hercule et Minos est dantesque, titanesque, et complètement cosmico-grotesque. Un sommet, lorsque... non je vous laisse le découvrir par vous-même. Moi j'ai failli pisser de rire. Et ceux qui veulent comprendre le pourquoi de cette scène feront une petite recherche sur le net, ils trouveront un bonus très sympathique.

Oatagaok
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le 23 janv. 2017

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Oatagaok

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