C'est un peu le même syndrome que Big trouble in little China, film dont Richter, le réalisateur, a aussi coécrit le scénario. Le résumé de l'intrigue est déjanté et vend du rêve à la pelle, mais l'exécution ne suit pas. Ou si, mais pas au sens où on l'entendrait.
Buckaroo Banzai est donc à la tête de la fondation Banzai, qui semble avoir le droit d'avoir des hommes de main armés, un bus à son effigie, du matériel technologique de qualité militaire et une ligne directe de visioconférence avec le président des Etats-Unis. Musicien (enfin au sens où la musique des années 80 est de la musique), chirurgien et pilote, il ramène d'une expérience réussie visant à traverser la matière, en l'occurrences les Rocheuses, un specimen extraterrestre. Les événements se précipitent, et il apert que deux races de Lectroïdes de la planète 10, déjà présents sur notre Terre mais dissimulés par des phéromones qui manipulent nos sens, sont en conflit. Un ancien dictateur lectroïde, je n'ai pas compris qui, veut mettre la main sur l'hyperpropulseur de Buckaroo pour retourner dans la 8e dimension, reprendre le pouvoir et préparer l'invasion de la Terre. Mais la joyeuse petite bande d'Américains déterminés à la gâchette facile (incluant un gamin de 13 ans max) peut faire face. Bien sûr, il y a une blonde à sauver (Ellen Barkin, si belle avant sa chirurgie !).
Le gros problème vient du rythme. Le début balance l'exposition comme un slip sale à la tronche du spectateur : pourquoi pas. Des tas de trucs arrivent, il y a des costumes ridicules, on sent que la préproduction a dû prendre plus de temps que le tournage, à mettre au point les décors qui sont des rêves humides de nerds ou tous les gadgets ridicules et improbables (la tablette qui indique la direction à suivre, complétement gratuite) : pourquoi pas. C'est fait pour donner l'impression que ça part dans tous les sens, que ça joue avec les codes narratifs, ok. (par exemple Jeff Goldblum, en costume de cowboy, dans le rôle du bleu qui veut faire ses preuves, et qui finalement ne sert quasiment à rien).
Et des répliques comme :
"Pourquoi y'a-t-il une pastèque, ici ?
- Je te raconterai plus tard".
Ou encore : "Nous ne sommes pas passés dans la huitième dimension, nous survolons le New Jersey".
Tout cela est bel et bon, et la photographie est belle - dans le genre "années 80" s'entend -, même si les effets spéciaux oscillent entre le pas mal et l'immonde (le crash du pod de survie alien, avec la fausse ombre sur l'arbre...).
Mais le montage, et de manière plus générale le rythme n'est pas celui d'un film d'action. C'est celui d'une série, genre G. I. Joe. A force de faire dans la parodie, le film s'enlise. Reste son imagerie, plutôt riche. Et le jeu des acteurs n'est pas à mettre en cause. Peter Weller, toujours minéral, se donne beaucoup de mal, et John Litgow est hilarant, même si son rôle se borne à hurler "John Bigbotte ! Where is the overthruster ?".
C'est donc plutôt dommage. Le problème est qu'il n'y a pas de temps fort qui se détache de ce magma de péripéties. C'est assez difficile à expliquer, mais bien que les codes classiques du film d'action soient là, tout reste toujours un peu dans la même tonalité, il n'y a pas de scène marquante.
Bon, je ne vais pas non plus consacrer une thèse pour savoir pourquoi ce film n'arrive pas à être le joyeux navet qu'il voudrait être.