Dans le sous-sol de Chinatown, on monte et on descend au gré des escaliers, ascenseurs, perches de pompier, trous dans le plafond, à l’image d’un jeu d’arcade où les différents niveaux finissent par converger vers le combat final et la sortie. Jeu où les références vidéo-ludiques cèdent leur place à une culture cinéphile plus souterraine, les séries B et Z hongkongaises de kung-fu des années 70, Big Trouble in Little China se déguste comme un buffet à volonté où le spectateur, jamais rassasié, court se resservir encore et encore. John Carpenter bricole un vaste musée jouissif dans lequel s’accumulent les références sans pour autant attenter à la fluidité du récit. Nous suivons Kurt Russell, antihéros délicieux et incarnation parfaite du héros stéréotypé américain des années 80 – on lui propose d’ailleurs le magnum de L’Inspecteur Harry ! – qui enchaîne les poncifs tantôt misogynes tantôt racistes mais avec un second degré délectable. Car Carpenter témoigne ici de son amour pour les arts martiaux et, plus largement, pour la culture asiatique : les décors sont sublimes, les cascades impressionnent et accordent une place non négligeable aux performances réelles de professionnels. C’est toute une culture qui prend vie sous nos yeux émerveillés, toute une mythologie remplie de sorciers, de magie noire et de sortilèges ayant entre-temps rencontré un imaginaire occidentale fait de monstres et d’ambiances gothiques. Le cinéaste y puise l’essence de son art, à savoir l’affrontement entre le Bien et le Mal, qu’il place sous le signe de la parodie. Une œuvre généreuse, fort divertissante et remplie d’un amour pour le cinéma qui transparaît à chaque plan.