Parfait dans la forme, creux et primaire dans le fond. Le faux film somme de Spielberg.
L'adaptation de la BD culte "Tintin" à la sauce Spielberg...
Et de trois ! Trois monuments littéraires francophones à l'américaine sont sortis cette année. Après "Les Schtroumpfs" et "Les Trois Mousquetaires", c'est Tintin qui est adapté. Le résultat est inégal. Il va falloir s'y faire, j'ai été déçu par ce "Tintin : le secret de la licorne". Sans doute pas à cause du rendu artistique, parfait, qui arrive à donner vie aux personnages tout en leur insufflant une touche cartoonesque dans leurs mouvements et expressions. Ce ne sera pas non plus à cause de la mise en scène. Spielberg orchestre de magnifiques scènes d'action : la scène du flash-back du duel entre le chevalier de Haddock et de Rackham le Rouge est mémorable, à tel point que l'on rêve de voir un jour Spielberg diriger un "Pirates des Caraïbes", tant la fluidité et l'ingéniosité des combats est précise et inventive. Sans oublier un plan-séquence d'action virtuose dans les rues de Bagharr, de près de trois bonnes minutes. Quant aux personnages, ils sont bien campés. Et le générique de début est un bel hommage au personnage et à son auteur.
Mais l'ensemble, lui, manque de vie. Sous la belle enveloppe visuelle du film se cache un flagrant manque d'âme et de matière. Un comble quand on voit ce que l'on a sous les yeux. Spielberg, s'il est bon metteur en scène, oublie de donner un vrai sens à son scénario. Les scènes d'action, si elles sont bien jolies, sont trop nombreuses, et la chose à éviter fint par s'approcher : ça traîne en longueur et l'absence de temps mort finit par lasser. Le scénario, lui, semble calculé à la scène près. La surprise est elle délaissée au profit d'un récit beaucoup trop condensé, à tel point que les clins d'oeil passent inaperçus. En bref, le "Tintin" de Spielberg mise sur la surenchère et à force de vouloir tout mettre d'un coup dans un seul film, le paquet explose. Le potentiel est là, mais il est survitaminé et presque épuisant. Et la mise scène, dans ses mouvements circulaires de caméra, lorgne parfois vers le style Michael Bay. Ce n'est pas déplaisant mais c'est omniprésent. De plus, les scènes où Tintin soliloque sont trop nombreuses et finissent par faire rire. Trop, c'est trop.
Au final, Spielberg offre un film en demi-teinte. C'est tout à fait correct, le divertissement est assuré et on en prend plein les yeux. Mais le film ne rattrape pas la demi-réussite de "Indiana Jones 4" et si l'on ne doute pas du talent du cinéaste, on finit par croire qu'il a oublié de donner un vrai sens à ces films. Car "Tintin" tente de toucher mais le cocktail est trop sucré. Ca ira pour cette fois, mais pour la prochaine, attention, on sévit ! Et j'attends désormais un second opus dirigé par un Peter Jackson que j'espère aussi inspiré que Spielberg, mais moins brouillon dans ce qu'il va montrer.