Vu en VO après m'être interrogée avec un Mister Nomé très coopératif – il n'a pas bronché quand j'ai déclaré vigoureusement et sans alternative un joyeux « je veux voir Tintin » - sur le bien-fondé du choix de cette langue, étant donné que c'était de l'animation. Finalement, je pense que c'était pour le mieux tant je me suis aperçue que la voix française du Tintin du dessin animé était ancrée dans mon esprit. Du coup, vu que c'était dans une autre langue, l'écart m'a paru plus normal et j'ai pu accepter ce changement sereinement.

Mais passons mes digressions audio qui n'intéressent que moi, parlons donc de cette adaptation. J'ai trouvé audacieux de mélanger deux albums bien distincts. Je ne m'étais pas intéressée de près à la trame et pensais donc, en toute logique, que c'était « Le Trésor de Rackham le Rouge » et non pas « Le crabe aux pinces d'Or » qui était adapté avec « Le Secret de la Licorne ». Je n'ai pourtant pas été déçue sur ce point, tant les remaniements du scénario m'ont semblé cohérents. Ce qui m'a déplu, par contre, dans l'histoire, ce sont les multiples rebondissements à base de
- tiens j'ai les parchemins – ah non c'est toi – ben non c'est moi – ben non c'est toi – ben non c'est – ben non c'est re-moi mais ah mais ben non c'est re-toi mais oh ben où sont-ils ?
Outil scénaristique fort apprécié par notre ami Spielberg qui nous en avait déjà gratifié dans « Les Aventuriers de l'arche Perdue ». Je m'en souviens, c'est le moment du film où j'avais manqué de m'endormir. Bref. Un peu de course-poursuite ça va, mais à force, ça m'a saoulée.

En parlant de saouler, le ressort comique de notre cher Capitaine Haddock joyeusement porté sur la bouteille était, je trouve, quelque peu surexploité. Cela ne m'a pas empêchée de me marrer, embarquée comme je l'étais par cet univers qui me replongeait en enfance. En parlant du Capitaine, j'ai trouvé que le doublage d'Andy Serkis était assez inégal. Par moment, je n'entendais plus que Gollum qui courait après son « précieux » whisky.

A part ça, notre bon vieux Tryphon m'a manqué autant que la bruyante Bianca m'a paru anecdotique. Quitte à sacrifier un personnage emblématique pour en mettre un autre, j'aurais préféré voir mon petit Professeur Tournesol, tellement plus riche que la Castafiore qui, du reste, est un peu expédiée. Bon. C'était peut-être pour respecter une sorte de quota, ça manque de femmes, quand même, dans Tintin. Tiens, et puis où sont les minorités visibles ? Spielberg aurait-il fait le choix d'un film d'animation pour passer outre ces obligations – parfois ridicules – hollywoodiennes ? Aurait-il mis la Castafiore pour faire tout de même passer le morceau, genre :
- Euh, Steven, excuse-moi mais dans ton film, là, tu peux pas te débrouiller pour que Dupond soit noir ? Et l'autre gay, tant qu'on y est.
- Ah non. Ca fait trop de différences par rapport à l'oeuvre originale.
- Bon ben, le même alors. Qu'il soit noir et gay. Et s'il peut avoir une mère chinoise aussi ça serait classe.
- Non. Pas de noir ! Mais bon, si le film marche, si tu veux on adaptera Tintin au Congo avec Tintin et le Lotus Bleu, là, si tu veux du quota, t'en auras du quota.
- Bon, ok. Mais j'ai remarqué aussi qu'il n'y avait pas de scène de cul dans ton film. Même pas un bisou.
- Normal, y'a pas de femme.
- Ben justement, je me disais, si les Dupondt étaient gays...
- Rooooh tu me gonfles avec tes conneries ! Bon je vais mettre une femme, y'en a bien une dans les bd. Elle a rien à faire là mais si ça peut faire que tu me lâches la grappe...
C'est la seule explication rationnelle à la présence de la Castafiore dans ce film.

Mais bon. Pour une adaptation américaine, je m'attendais à pire. Globalement, j'ai passé un bon moment. C'est déjà pas mal.
Nomenale
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le 16 juin 2013

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