Steven Spielberg est un homme à la carrière exhaustive. En 40 ans, l'Homme n'a cessé de nous faire rêver et de se ré-inventer quand il le devait, si bien que ses échecs se comptent sur les doigts de la main et ne furent jamais total; malgré une insipide débâcle artistique en 2008...
On peut critiquer son adaptation de Tintin sur un seul point qui serait que le réalisateur dénature le reporter du petit Vingtième. Au terme "Dénaturer" je préfèrerai "Actualiser", car adapter Tintin tel quel, donnerait un film complètement con et super chiant (rappelez vous les oranges bleues). Le secret de la Licorne version Spielberg est un peu expédié et se passe allègrement d'éléments présent dans le dyptique d'Hergé, Tintin fait ici plus office d'Indiana Jones que de reporter, nous en sommes conscients; Mais la grande qualité du film ne réside pas dans l'adaptation d'une valeur littéraire européenne chère à nous aux autres Français (Belges, etc...), mais dans les retrouvailles faites avec un Réalisateur qui n'avait pas émerveillé à ce point nos yeux d'enfants depuis 1993.
Le réalisateur s'amuse, se lance dans des transitions narratives aussi incroyables qu'audacieuses, retrouve le souffle épique qui animait autrefois les aventures d'un autre héros du réalisateur fort aimé du public, tout en ne négligeant pas l'humour inhérent à la bande dessinée et au genre ici en jeu. Il dirige ses acteurs dans un direction propre à l'idée que l'on pouvait se faire des personnages d'Hergé, Andy Serkins campant un Capitaine Haddock alcoolique à souhait et hilarant. Certes le design est fort dérangeant tant nous sommes témoins d'hyper-réalisme de personnages de bande-dessinnée, mais le réalisateur amène la transition entre le Tintin que nous connaissions et le sien par un plan d'ouverture des plus éloquents et réussis tout en offrant un caméo au créateur du personnage. Spielberg clôture son premier film tourné en numérique (rappelons que les grands labos de pellicule sont en faillite et que Steven Spielberg est l'un des derniers réalisateurs à encore tourner en pellicule) par un plan séquence d'une maîtrise technique terrifiante, offrant à Tintin un tour de grand huit à travers une ville arabe des plus vertigineux.
Ceux qui y voient un sujet à polémique ont tort, le film de Spielberg est la pièce d'Entertainment perdue dans la filmographie du réalisateur, celle à laquelle nous ne pouvions plus croire depuis le retour bien décevant d'Indiana Jones, et en soit Tintin remplit parfaitement le cahier des charges requis dans la création d'une nouvelle saga d'aventures rocambolesque continuant le cycle lancé par Steven Spielberg dans les années 80.