Pour quelqu'un qui n'est pas fan absolu d'Hergé, l'adaptation de son Tintin avait quand même de quoi laisser dubitatif, et cela même s'il y a du bon monde aux manettes. La plus grande crainte concernait la motion-capture, qu'on pouvait interpréter comme une absence de choix entre le dessin animé 2D et le film avec des acteurs en chair et en os. Ensuite adapter Tintin relève de la prouesse, car au delà d'une gamme de personnages variés, c'est tout un esprit Hergé dont il est question. Une finesse d'écriture traduisant aussi bien un amour de la variété culturelle du monde qu'une compréhension des enjeux internationaux qu'il s'amuse à entrevoir localement au gré des voyages de Tintin (URSS, Tibet, etc.). Bref, Hergé est un dessinateur géopolitiquement brillant, recommandé par les profs d'histoire et tout et tout.



Spielberg allait donc au devant de gros danger en adaptant Tintin, puisque au delà d'un défi graphique qui n'était pas gagné d'avance, il s'agissait pour le réalisateur de trouver l'équilibre entre le créatif et le respect de l'œuvre originale. Ce Tintin est donc une réussite sur tous les plans ou presque... Il balaie d'un revers les critiques qu'on élaborait d'avance sur la laideur des graphismes, mais là où il est le plus génial, n'en déplaisent aux puristes qui auraient crié de toutes manières au sacrilège sans chercher à comprendre, c'est dans ses choix d'adaptation. Quand j'entends crier au scandale, j'ai presque envie de rire devant ce déballage de mauvaise foi caractérisée car comment imaginer meilleure adaptation que celle que nous donne Spielberg ? Fidèle mais libre, librement fidèle, ou encore fidèlement libre, Spielby nous tourne un Tintin sauce Indiana Jones, la houpette en plus, le fouet en moins (peut être pour le prochain s'il y a Tchang, parce qu'on sait que quand Milou à le dos tourné, enfin bon...). Car si on peut jaser sur les choix scénaristique, sur les libertés qu'il s'accorde, prendre ses distances sera toujours le bon choix malgré qu'il suscitera toujours les reproches.

On y retrouve toute la subtilité des bandes dessinées, dans l'humour de second plan notamment, à laquelle Speilberg à su conjuguer un dynamisme increvable et réjouissant. La course poursuite dans Bagghar restera le moment marquant du film, excepté peut être la petite touche nostalgique d'hommage au dessinateur au tout début. La fluidité des enchainements tout comme leur vitesse, contributions indéniable du réalisateur, effaceront d'un trait les quelques facilités du scénario et les caractères des personnages, moins bien travaillés que l'univers dans son ensemble. Tant pis pour ce qui resteront à l'écart de ce Tintin et refuseront d'y voir toute la matière et l'élégance qu'il y a là.

Spielberg vantait Hergé pour sa manière de mettre du mouvement dans les cases d'une bande dessiné, aujourd'hui on peut vanter Spielberg d'avoir perpétuer cette science du mouvement, mais on ne le remerciera que trop peu pour y avoir ajouter de la vie et du cœur, pour avoir donné à Tintin l'adaptation cinématographique qu'il méritait.
Heisenberg
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le 7 nov. 2011

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