Le grand Steven Spielberg donnant vie au plus jeune reporter belge le plus réputé des bandes dessinées au cinéma ? Je dois dire que j’étais agréablement surpris d’entendre ce genre de nouvelle, il faut dire que c’était bien plus que de la curiosité pour que j'aille voir le premier film en 3D de ce maestro chevronné, c’était carrément un rêve d’enfance que j’allais vivre pour la simple et bonne raison que Tintin était un de mes personnages préférés, lors de mes lectures de bande dessinées. Et surtout, c’était un espoir de voir enfin quelque chose d’abouti, réussi et correctement adapté après tous les ratés qu’on s’est récoltés dans le cinéma français comme le navrant Lucky Luke ou le pitoyable Astérix aux jeux olympiques. C’est quand même curieux qu’un réalisateur américain parvient à mettre en œuvre un vrai et exemplaire film d’adaptation d’une bande dessinée qui n’est pas de son pays, et non pas un réalisateur français pour ce qui est d’adapter correctement quelque chose de sa culture.
Mais comme on le sait, le cinéma américain accorde à ses producteurs et aux réalisateurs des meilleurs moyens technologiques et surtout des plus gros budgets pour monter des productions, Steven Spielberg avait sans doute tous les atouts pour nous séduire, surtout qu’il a déjà fait maintes fois avec par exemple ses Indiana Jones, productions de genre similaire que les bandes dessinées de Tintin. Étant donné que Steven m’a rarement déçu, je le faisais entièrement confiance. Cela dit ! Le voir adapter deux bandes dessinées pour en faire un long-métrage m’inquiétait un peu, j’aurais préféré le voir se concentrer plutôt sur un seul, cela aurait été plus raisonnable. Mais bon ! Tel qu’on le connaît, Steven était capable de tout et je suis quand même allé voir sa réalisation, les yeux fermés. Et en ce qui me concerne, Steven a accompli sans problème le plus grand objectif de sa réalisation, me faire vibrer et me faire vivre un grand moment d’enfance.
Et rien que voir le générique de début faisant défiler un nombre incroyable de références de plusieurs bandes dessinées de Tintin, avec une bande de son très digne de l’univers, on pouvait déjà se dire que Steven n’avait en aucun cas négligé sa réalisation. C’est ce que je m’attendais le plus à voir dans cette production était bien évidemment la représentation du jeune reporter, campé par un Jamie Bell convaincant. Ce dernier dessine un personnage quasi parfait à celui des bandes dessinées, courageux, intrépide, curieux et suffisamment doué au combat pour survivre face à des rudes adversaires. Le reste du casting est également très bon dans l’ensemble, avec l’expérimenté Andy Serkis représentant un capitaine Haddock amusant et ivrogne, un Daniel Craig campant le principal antagoniste scrupuleux Sakharine et un très bon duo Simon Pegg-Nick Frost animant les frères inséparables Dupont avec sobriété et classe.
Franchement ! J’étais ébahi par l’écriture irréprochable des personnages, les acteurs ont su jouer leurs personnages, avec une vivacité indéniable. C’est qui m’inquiétait le plus, c’était le scénario, surtout en ce qui concerne la liaison entre deux bandes dessinées. J’ai remarqué que Steven a été raisonnable sur le choix des bandes dessinées, il n’en a pas choisi deux totalement éloignées mais assez proches au niveau de leurs histoires, en sélectionnant le 9ème et le 11ème des aventures de Tintin. Sa mission n’était pas aussi compliquée qu’elle en avait l’air mais je n’approuvais pas cette initiative. Et comme je m’y attendais, il y a quelques trucs qui ne passent pas comme la relation entre le capitaine Haddock et Sakharine, ainsi que que celle des leurs descendants. Après, ce ne sont que des détails mineurs, ça ne dénigre en rien le travail qui a été en fait, sans à mettre en jugement l’adresse et l’habilité de notre cinéaste préféré.
Steven a su peindre un univers approprié et respectable à celui des bandes dessinées, surtout qu’on visionne un film avec les mêmes ingrédients appliqués habituellement par Steven, à savoir de l’aventure, des scènes d’action, des situations comiques et du mystère, en prenant des choix de libertés artistiques que je valide sans problème comme la superbe course-poursuite dans les rues Bagghar, avec une progression impeccable de chaque personnage, et le combat monstrueux et mécanique des grues. Tout cela dans un film avec une mise en scène fluide et limpide, monté avec un emploi sérieux des technologies du cinéma, dans le but de mettre en œuvre une production au design et au graphique salutaires. Une fois de plus, le grand Spielberg nous a encore surpris par son sens de professionnalisme inqualifiable, il a su nous pondre une réalisation bourrée de références, en dégageant à la fois une atmosphère enfantine et adulte, avec quelques moments très appréciables comme le feu sur le petit bateau et les mythiques insultes du capitaine Haddock, des détails prouvant que le réalisateur savait ce qu'il avait à faire. 8/10
- Vous aviez l’air d’avoir froid alors j’ai allumé un petit feu !
- DANS UN BATEAU ?