Premier volet de l'une des trilogies les plus déterminantes de l'Histoire du Cinéma Les Aventuriers de l'Arche Perdue donne en 1981 ses lettres de noblesse au blockbuster hollywoodien. Steven Spielberg, épaulé de son ami Georges Lucas, développe un pur film d'aventures empruntant tout aussi bien les codes de la fresque historique que ceux du film noir des années 40... Il en résulte un divertissement trépidant d'une grande inventivité formelle, habité par un personnage devenu emblématique pour de nombreuses générations de cinéphiles : l'incontournable Indiana Jones, affublé de son fouet, de son chapeau et de son manteau d'aviateur, archéologue baroudeur campé par un Harrison Ford au charisme indétrônable !


Des trois films de la trilogie Les Aventuriers de l'Arche Perdue est sans doutes le plus brillant techniquement et artistiquement. Moins noire et sordide que le périple oriental du temple maudit et moins ample et émouvante que la mythique dernière croisade cette quête de l'Arche d'Alliance opposant la Science archéologique à la barbarie nazie fait figure de véritable cas d'école cinématographique : l'écriture des personnages, la façon dont Spielberg les introduit dans le récit, la documentation historique pertinemment incorporée à la fable et à ses inévitables invraisemblances font de cette épopée moderne un chef d'oeuvre incontestable. Ne serait-ce qu'au niveau de la lumière de l'illustre Douglas Slocombe ( notamment directeur de la photographie sur le flamboyant Music Lovers du romantique Ken Russell ) le film est un bijou de splendeur visuelle : jeux d'ombres quasiment expressionnistes servant à merveille la narration, soleil écrasant ou encore jeux de miroir témoignant de l'ingéniosité de Steven Spielberg... L'auteur des Dents de la Mer n'a pas son pareil pour user des artifices techniques au service de l'histoire : c'est un véritable conte qu'il nous offre, manichéen en diable mais également lisible sous différents angles ( lutte du Bien contre le Mal, mythologie du héros, cartographie des richesses du Monde, histoire d'amour à la fois sentimentale et drolatique, parodique presque ).


La partition originale de John Williams, sans doutes l'une de ses plus célèbres, n'est pas simplement un vulgaire habillage sonore susceptible d'accompagner mollement les images. Formidable concert de cuivres la musique des Aventuriers de l'Arche Perdue inclut entre autres le superbe thème romantique de Marion ( rappelant au passage le thème de Princesse Leia de la saga Star Wars ) et celui de l'Arche d'Alliance, pleinement évocateur des pouvoirs impénétrables d'un Dieu convoité par l'armée nazie. Riche et immédiatement identifiable la bande originale de la première des aventures d'Indiana Jones est une vraie fête pour l'âme et les oreilles...


En plus d'avoir énormément d'humour et de second degré à revendre, le film prend le temps d'installer les personnages et les situations. La présence des nazis et de certains personnages de l'entourage d'Indy annonce l'extraordinaire Dernière Croisade et la cohérence textuelle de la trilogie : la peur des serpents de Jones, Marcus et Sallah, l'héroïne caractérielle jouée par la délicieuse Karen Allen, la folie mégalomane d'Hitler et sa volonté de conquérir le Monde... autant de gimmicks témoignant d'une genèse scénaristique proprement impressionnante, n'ayant rien à envier aux productions plus récentes de Peter Jackson et consorts. Un incontournable du cinéma d'aventures, et l'un des chefs d'oeuvre du grand Steven Spielberg !

stebbins
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le 17 nov. 2015

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stebbins

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