Ballet à Ch....

Franc tireur du cinéma français, Jean Pierre Mocky c'est plus de soixante films en tant que réalisateur en à peu près autant d'années. Si certains films sont devenus des classiques du cinéma français et qu'il aura parfois su rencontrer le très grand public, Jean Pierre Mocky finira pourtant comme un réalisateur underground (comme il se définissait lui même) écrivant et tournant des films pour des budgets ridicules qu'il diffusait uniquement dans son cinéma le Brady. Bien loin des 820 000 entrées du bien nommé Le miraculé en 1987, Jean Pierre Mocky finira tricard des circuits de distribution classique condamnant ainsi bon nombre de ses derniers films à l'anonymat et l'oublie. Les Ballets Écarlates qui date de 2004 est peut être le film charnière puisque interdit par la censure, Jean Pierre Mocky décide de le diffuser uniquement dans sa salle de cinéma , ce qu'il continuera de faire ensuite pour ses autres longs métrages (censure ou pas). Mais le couperet de la censure qui est tombé du fait de son sujet polémique et d'une soit disant incitation à la justice sauvage n'est pas le seul responsable de la non reconnaissance du film Les Ballets Écarlates qui est surtout avouons le un bien mauvais film.

Les Ballets Écarlates raconte l'histoire d'un jeune garçon qui s'échappe d'une partie fine organisée par de riches notables de province avec des enfants. Le gamin trouve refuge chez une femme dont l'enfant a lui même disparu des années auparavant et avec l'aide d'un vieil armurier elle va entreprendre de démanteler façon vendetta ce réseau pédo criminel.

Attention Jean Pierre Mocky dénonce, sauf que si il lui reste le mérite de le faire son film arrive quand même 55 ans après l'affaire des ballets roses qu'il évoque ici largement jusque dans le titre de son film. Alors bien sûr l'engagement contre les réseaux pédo criminels reste malheureusement toujours un combat noble et d'actualité mais Les Ballets Ecarlates n'est pas vraiment un brûlot brulant au moment de son tournage. Mais le plus embêtant c'est que le film de Jean Pierre Mocky est tellement mauvais qu'il prête bien plus souvent à sourire qu'à s'émouvoir ou s'offusquer, ce qui est bien triste vu l'horreur abject du sujet traité. On sent bien que le film a été tourné avec un budget famélique, des comédiens amateurs et de fidèles amis (Dominique Zardi – Jean Abeillé – Patricia Barzyk) et surtout un soucis d'économie qui a du limiter les prises à la première durant laquelle le texte était juste correctement articulé. On pardonnerait presque à Mocky sa mise en scène bien peu inspiré et limité par son budget mais en revanche l'écriture du scénario, la qualité des dialogues ne demande pas trop d'autres investissements que du temps et l'envie de bien faire et dans le cas présent ça sent plus le j'en foutisme le plus complet. L'histoire du film est finalement à peine construite , les ramifications entre le pouvoir, la bourgeoisie et la pédo criminalité est très grossièrement exposé, cette histoire de justice expéditive manque de force, de rage et surtout la toile de fond et le calvaire de ses enfants passe trop souvent au second plan d'un récit qui privilégie une french-vendetta un peu poussive. Lorsque tu pars avec une histoire qui est bancal et maladroite, que tes dialogues sont poussifs au possible et que tu donnes tout ça à jouer à des comédiens bien peu inspirés et mal dirigés, faut pas vraiment espérer des miracles à l'écran. Et peu importe qu'ils soient professionnels ou non tout ce qui passe devant l'écran joue comme des sagouins récitant leurs textes sur un ton monocorde et totalement inexpressif , une sensation de fausseté permanente renforcée par des personnages qui n'existent jamais à l'écran et restent des grosses caricatures malheureusement risibles de bourgeois libidineux ou de paysan alcoolique et bas du front. Entre des figurants de second plan immobile et figés comme des statut, des acteurs qui jouent comme des patates (Avec tout le respect que j'ai pour l'excellent acteur de la saga Toy story), une histoire poussive et mal construite et une mise en image paresseuse bourré d'approximations c'est dur de s'accrocher sans sombrer.

On pourrait sans doute rire de tout ça si le film avait choisit un autre sujet, un autre combat et un autre faits divers moins sordide. Il y-a comme ça des sujets sensibles et épineux qui ne sauraient souffrir du j'en foutisme de celui qui le traite. Alors oui Les Ballets Écarlates à tout du bon gros nanar, mais il n'est pas vraiment réjouissant à regarder, plutôt triste et accablant.