Les mousquetaires du bourre-pif à répétition

Après "Des pissenlits par la Racine" Lautner tente de reprendre encore la formule des Tontons Flingueurs, mais l'adapte d'une autre façon : on reprend le trio de départ (Lino Ventura, Bernard Blier et Francis Blanche) mais au lieu de leur faire jouer des truands, on leur fait jouer des espions. On reprend Audiard aux dialogues et on filme le tout comme un film d'espion.

Et là, la sauce passe bien mieux, d'autant que la scène d'ouverture, montrant des espions s'entre-tuant les uns et les autres de fil en aiguille nous plonge dans le bain immédiatement. On est dans une parodie du film d'espion et tous les clichés vont être utilisées : les tueries par coup dans le dos, les micros planqués partout, les filatures, le gars qui observe à travers les yeux d'un tableau, les passages secrets (l'action se passe la plupart du temps dans un château ce qui facilite cela) etc... C'est d'autant plus excellent qu'en 1964, on n'est qu'au début de la vague du film d'espionnage (James Bond contre Dr No ne date que de 1962) et que le film, prend déjà le parti pris de s'en moquer.

Par rapport aux "Tontons Flingueurs" le film gagne en unité, perd un peu le côté "successions de sketchs" que j'avais tendance à trouver chez Lautner, et il gagne en gag visuel : les majordomes suisses qui se font tous remplacer par des chinois, les passages de bastons où à la fin plus personne ne prend le temps d'ouvrir une porte, une scène de karaté bien chorégraphié, etc....

Les acteurs, qu'ils soient habitués de Lautner ou nouveau sont tous excellents, et Mireille Darc y gagne depuis "Des Pissenlits par la Racine." Ok, elle joue, de nouveau, une salope intéressé par le fric, mais qui se révèle bien plus intelligente et spirituelle, preuve qu'avoir d'excellentes répliques ça fait gagner en charisme.

Bref, arrivé à une 1 heure 20 de film, tout se passe bien, on amorce la conclusion... et là, on se souvient qu'on est dans un film français et qu'il faut absolument faire foirer la fin. Le cadre passe du château à l'hôtel... et il s'y passe exactement la même chose : (espionnages, micros, castagnes à travers les portes, etc...) Puis, on se retrouve dans un train... et c'est pareil, mais avec des barbes postiches. (Tout ça pour un jeu de mot.) La lassitude commence à me gagner, ça s'éternise en bagarre et en coup fourrés. J'attends la fin et ... là, Lino Ventura prononce l'une des phrases les moins inspiré du film ("Et ta soeur, elle habite toujours Pekin ?") et la fin est résumé avec un carton. Un carton tout pourri façon "voilà voilàa, c'est fini." A quoi ça servait d'enchainer les péripéties inutiles si c'était pour finir là dessus ?

Jouissif sur le début et décevant sur la fin, les Barbouzes auraient pu égaler les Tontons Flingueurs à mes yeux, mais c'est loupé.

PS : On y retrouve aussi pas mal de faux raccords, notamment des couteaux lancés dans le dos qui arrive dans le torse. Mais, c'est plutôt assumé afin d'accélerer le côté idiot des bastons, à l'image des cadavres de chinois qui s'empilent absurdement.
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le 9 nov. 2014

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