Effet secondaire de l’affaire weinstein et du mouvement me too, le cinéma des années 2010 se peuple d’histoires de femmes avec plus ou moins d’inspiration et de réussite.
Comme toujours c’est par le biais de l’art qu’on prend le pouls d’une époque, qu’on le transmet à l’avenir.
Faut-il parler d’art ou d’opportunisme quand on voit le nombre de productions qui tentent de surfer sur la vague féministe? Difficile à dire, mais à ce petit jeu là le film du jour s’en sort avec les honneurs.


“Les baronnes” débute avec trois situations de femmes fin des années 70 cantonnées aux rôles habituels de bonne mère de famille, de cuisinière, de chargée de courses et repassage, de punching ball en cas de mari bagarreur. De vraies femmes d’intérieur.
On craint d’emblée d’être face à des caricatures, mais nos ménagère viennent vite balayer nos doutes, parce qu’elles sont toutes trois brillamment interprétées.


Sans être une oeuvre remarquable, la comédie avance bien, se révélant aussi efficace dans le soin apporté aux musiques que dans celui de son casting.
Le ton est dynamique, certains passages franchement drôles, et pourtant on n’oublie jamais qu’on nage dans une ambiance bien sanglante (le meilleur passage a lieu autour d’un cadavre - générant des rires aussi génés par la mort que sincères face à l’absurdité de la scène).


On suit tout ça avec plaisir, d’autant qu’il n’y a pas de temps mort (des morts oui, mais vite fait bien fait!).
Même sur la fin on arrive à apprécier de ne pas insister sur certains rebondissements: les choses se passent et sont montrées, à nous de les digérer, hop on passe à la suite.


Évidemment difficile de ne pas attribuer à chaque héroïne une feuille de route bien identifiable: tu étais soumise à un porc? on va te dégotter un gars qui t’aime et t’apprendra à te battre, tu étais une bonne mère de famille? devient la mère des ouvriers, la mama de Hell’s Kitchen, tu étais reléguée aux tâches ingrates et traitée comme une esclave? Tu seras la patronne chic et dure en affaires.


C’est un peu trop téléphoné pour qu’on se laisse surprendre mais on appréciera que chaque femme garde son caractère et qu’au moins une reste sensible au sort de son mari.
Sans en avoir l’air l’histoire avance et surprend même par moments quand on se souvient qu’un mafieu reste un drôle d’oiseau, qu’il soit un ou une.
C’est là que le film arrive à rester cohérent: peu importe que les héroïnes soient des femmes, du sang et des règlements de compte ça reste la même chose, ce qui change c’est la façon d’arriver à ses fins.


On gardera en mémoire une comédie agréable, pas totalement bête, jubilatoire, et un film de mafia à la sauce 2010 (même s’il se tient dans les années 70-80).


Ps: dans le film une des femmes dit qu’elle ne veut plus dire “merci” à tout bout de champ, quand on lui tient la porte par exemple…. Très bon de faire dire ça dans une salle de cinéma d’où on sort immanquablement en disant merci à ceux qui nous tiennent la porte. A mon avis ce n’est pas un hasard.

iori
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le 28 août 2019

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iori

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