génial mes parents divorcent (part two)
En peu de temps on a eu deux films de deux auteurs de bd qui font parler d'eux depuis un petit moment. Riad et Joann. Des films qui n'ont rien à voir et qui pourtant ont en commun : de s'inscrire clairement dans la prolongation de leurs démarches d'auteurs, habités et hantés des mêmes thématiques et obsessions déjà explorées dans leurs livres. Deux premiers films qui laissent entrevoir quelques maladresses, avec des acteurs pas toujours au top. Mais alors pourquoi y en a-t-il un qui marche et l'autre non ?
Simplement parce que l'un est plein d'ambition grandiloquente, d'envie d'expérimenter, pour faire une vraie oeuvre, tandis que l'autre se contente humblement d'être un film.
Le problème de Joann est simple : depuis qu'il est une star, il a tendance à donner vie à ses rêves (caprices ?) de gosse. Exemple : la BD du Petit Prince. Ici, c'est l'occasion de faire vivre une légende, mais à travers le prisme Sfar. Ce qui handicape le film : vient-on voir le biopic du chanteur, ou le film du dessinateur ? Ça pèse pour beaucoup dans la balance. Et puis il y a donc les fantasmes de Jojo : il se projette dans le personnage, qui en plus s'avère une copie de son Pascin, il a l'audace (ou la fausse humilité) de faire peindre Gainsbourg exactement comme lui. L'audace d'envahir un univers déjà marqué avec son univers à lui, tout aussi marqué (exactement le même défaut majeur que pour l'oeuvre de St Exupéry). Il y a beaucoup de bonnes idées, mais peut-être trop, en fait, puisqu'au final, il y a trop d'évènements, qui ont l'air d'une compilation, simplement chronologique, d'épisodes. Une série aurait peut-être été mieux, d'ailleurs. Et puis, bon, mettre à poil toutes ces nanas. Merde, je suis un mec, les nanas à poil, ça me fait bien kiffer, mais là, c'est bon, hein.
Mais pour en revenir à l'ami Riad, ce qui fait la réussite du film, c'est peut-être déjà, tout bêtement, qu'il a la conscience de ne pas être un réalisateur, d'être en terrain inconnu. Résultat : il se contente de raconter son histoire. Une trame narrative, un début, une fin, une mini-intrigue, point. Le choix même du lieu de tournage (Rennes, plutôt qu'encore et toujours l'agaçant éternel et grandiose Paris, où se déroule évidemment le film de Jojo) dit l'humilité du projet. Oui, les jeunes acteurs sont parfois un peu moyens, mais pas plus que Gainsbourg gamin. Et étonnamment, ça n'est pas gênant.
Il y a un élément central du roman Vies minuscules de Pierre Michon qui m'a marqué, et qu'on peut résumer ainsi : on peut vraiment devenir écrivain lorsque l'on cesse d'avoir la prétention d'en être un. L'humilité, vous dis-je. C'est une chose que j'aimais chez Joann, à ses débuts. Une chose qu'il y a chez Riad. Une chose que Joann semble avoir oubliée. Ce qui m'attriste.