Dès l'intro, on sent comme un bug, c'est manifestement un film réaliste dans la veine du Nouvel Hollywood sur le Bronx et les italo-américains avec en références clarement annoncées Cassavetes, Cimino ou Scorcese seulement voilà, on trouve péniblement deux noms italiens au générique et on commence à douter, à s'interroger. Alors du côté positif le casting est formidable, tous les acteurs sont talentueux et ça transpire à l'écran du coup les voir jouer est un déchirement. Le film a du être une sacré déception quand il est sorti en salles. Mulligan en est clairement l'essentiel responsable, sa direction d'acteurs est simplement catastrophique et les scènes s'enchaînent en alignant les prouesses de surjeu. Les travers de la communauté italo-américaine font franchement dans la caricature à gros traits. La subtilité était pourtant inscrite dans les intentions scénaristiques mais les intentions n'ont pas suffi. La mère censée être folle est tellement dans l'exagération qu'il est quasi impossible de ne pas sourire franchement quand elle donne pourtant tout dans l'espoir de nous convaincre mais chaque expression de contrariété ou d'amusement est l'occasion de sauter sur une table en criant, de se frapper la poitrine ou de brandir des crucifix qui ne tiendraient pas dans une poche. Même avec de la bonne volonté et en tentant de faire l'impasse sur ce premier point qui gâche déjà largement le film il faut compter en plus sur une façon qui s'efforce maladroitement de composer un film dans l'ère de son temps alors que manifestement les créateurs sont plutôt issus d'un cinéma qui nous renvoie aux années cinquante/soixante au mieux. La naïveté des situations (tendant vers Capra mais sans la finesse), le dispute aux monologues profonds à la Tennessee Williams et avec une réal au top, ce serait vraiment cool mais déjà problématique. Mulligan n'a pas la personnalité d'auteur qui conviendrait à son sujet et son film semble être un patchwork de bonnes scènes issues d'univers cinéphiliques divers qui ne trouvent pas leur liant. Une scène à la Mean Streets, une autre façon Gloria, une troisième du genre Voyage au bout de l"enfer et subitement on revient à Un Tramway Nommé Désir C'est déstabilisant mais surtout décevant et consternant. C'est un ratage d'autant plus attristant que les bonnes idées ne manquaient pas. Mais il aurait fallu un scénario plus cohérent (du moins qui irait au moins au bout de son sujet à savoir la perception de l'homosexualité dans le milieu ouvrier car c'est bien ça le sujet même s'il n'est qu'effleuré) et un meilleur réalisateur aurait été indispensable.

uzralk
2
Écrit par

Créée

le 2 août 2019

Critique lue 355 fois

uzralk

Écrit par

Critique lue 355 fois

D'autres avis sur Les Chaînes du sang

Les Chaînes du sang
Caine78
7

Break the Chain

S'il reste pour le grand public le réalisateur d'un film (« Un été 42 »), il serait très regrettable de limiter à cela la carrière de Robert Mulligan tant celle-ci déborde de sensibilité...

le 12 janv. 2020

2 j'aime

Les Chaînes du sang
YgorParizel
6

Critique de Les Chaînes du sang par Ygor Parizel

Une comédie dramatique qui nous emmène dans le Bronx des années 70, ou l'on suit une famille aux origines italienne. La première demi-heure est par moments horripilante tant les personnages sont...

le 9 mars 2020

Les Chaînes du sang
uzralk
2

Critique de Les Chaînes du sang par uzralk

Dès l'intro, on sent comme un bug, c'est manifestement un film réaliste dans la veine du Nouvel Hollywood sur le Bronx et les italo-américains avec en références clarement annoncées Cassavetes,...

le 2 août 2019

Du même critique

Adieu ma concubine
uzralk
10

Critique de Adieu ma concubine par uzralk

De quoi parle ce film ?Au premier abord on peut supposer qu'il parle essentiellement d'homosexualité. Personnellement je ne suis pas homosexuel ou alors je me mens à moi même, c'est une possibilité...

le 2 oct. 2022

4 j'aime

Foundation
uzralk
6

Oubliez Tout Ce Que Vous Savez sur Asimov

David Goyer, auteur et showrunner de la série a clamé haut et fort avoir un angle original pour adapter Fondation, une vision synthétique et respectueuse de l'œuvre d'Asimov, un angle intéressant...

le 6 nov. 2021

2 j'aime

5

Les Bronzés
uzralk
8

Histoire d'un Malentendu

Bon ce film ne m'a jamais fait rire mais je voyais bien confusément qu'il avait des qualités. Alors hier soir il passait à la télé, je m'y suis collé et même s'il ne me fait toujours pas rire je dois...

le 29 mai 2020

2 j'aime

2