Le mélo français en karaoké

Alors Honoré nous fait un film sur un sujet sérieux voire difficile, (le deuil), sans tomber dans le pathos. C’est bien. Mais le deuil, il le remplace par quoi ? Par les chansons…d’amour ? Choix curieux pour ne pas dire original. De là à comparer avec Demy, (que je ne trouve pas tellement génial, non plus), faut pas pousser. Chez Demy, il y a au moins une ou deux chansons qui te restent dans le crâne, signe de qualité de la chanson. Ici, une fois le film terminé, elles sont toutes oubliées, comme de la variet, de la pop kleenex, prêtes à être consommées, pré-digérées, et à jeter de suite.

C’est léger, fantaisiste, c’est tout ce qu’on veut, c’est tout pour tourner autour du sujet, et ne pas le traiter, en nous envoyant de la poudre aux yeux. Quelques plans qu’on en voit pas d’habitude dans ce genre de mélo, deux ou trois arrêts sur images, une chanson toujours sur le même thème, ne suffisent pas à éviter le cliché de la comédie intello chic, dramatique, à la française, légère, fantaisiste, avec de la musique populaire en playback. C’est moyen, sans intrigue, sans prétention gigantesque. J’ai même eut l’impression que Garrel s’ennuyait dans la dernière partie, tellement je m’ennuyais aussi. Des répliques trop récitées pour être crédibles, des personnages qui ne s’imposent pas à l’écran, sauf Garrel. Soit on accepte le postulat de base, que c’est artificiel, et on marche, si on exige plus, et on va être déçu. L’histoire patine parce qu’elle n’est pas écrite, juste survolée. Elle n’est pas crédible une seconde, et le scénario pas très approfondi. Par exemple, cette mère un peu coincée, qui va parler sexe avec sa fille, ça veut dire quoi ? C’est limite ridicule, puisque ça n’aboutit sur rien. Ou ce gars qui devient gay sans trop savoir pourquoi ? D’où ça sort ? On cite Truffaut, ou Godard aussi. C’est trop mal écrit pour être comparé à Truffaut, et trop peu exigeant dans la mise en scène pour ressembler à Godard. Soyons sérieux, du moins essayons.

Ce montage lisse, et cette histoire sans remous psychologiques, me rappelle plus Lelouch que la Nouvelle Vague. Ça fait plus étude de style, que genre de film à part entière. S’il voulait vraiment faire quelque chose qui sort de l’ordinaire, il aurait mieux fait de rajouter les sous-titres, pour que les spectateurs chantent aussi, comme dans un vrai karaoké. Un magazine français qui a pignon sur rue, le place à la place 47 de son top des 100 meilleurs films français (?) J’ai des doutes sur ce classement. Dedans il manque beaucoup de cinéastes important, et d’autres sont surreprésentés. Je doute de ce film aussi.