Saint Seiya a toujours été la Kryptonite de mon esprit critique et entreprendre une présentation objective de ce film est une démarche dont je suis sincèrement incapable. Mais parce que cette nouvelle adaptation de mon univers fétiche vient de faire hurler de plaisir le gamin qui sommeille en moi, je vais malgré tout tenter de donner un avis positif à ce sujet, en toute subjectivité assumée, de façon à équilibrer les nombreux avis négatifs (et légitimes) qui parsèment la Toile.

Ces multiples critiques négatives du film s'accordent généralement sur la médiocrité du scénario. Pourtant en ayant une connaissance approfondie du matériau de base et ayant conscience de la difficulté de la transposition que le film allait entreprendre, je m'attendais franchement à bien pire de la part de l'intrigue. Non seulement le récit parvient à bien synthétiser l'arc emblématique du Sanctuaire tout en offrant une introduction plutôt limpide à l'univers présenté mais il se permet aussi d'atténuer un sacré paquet d'incohérences qui existaient dans le récit originel. Ce qui honnêtement n'est pas un mince exploit vu l'accumulation d'étrangetés narratives que l'arc du Sanctuaire accumule initialement et dont la formidable série abrégée avait proposée une parodie bien juste à ce sujet.

En réalité, le véritable problème de la narration tient dans la démarche adoptée de dédramatiser le matériau de base en rejetant toute atmosphère tragique et contemplative pour privilégier l'humour et l'adrénaline. Une démarche qu'il faudra impérativement accepter sous peine de regretter en permanence les instants dramatiques et les envolées lyriques du Saint Seiya originel. Mais même si je suis le premier sensible à l'onirisme innocent de la série initiale, la légèreté thématique du film m'a apparu comme un nouveau regard rafraichissant sur mon univers fétiche.

J'ai apprécié pouvoir considérer mes héros emblématiques dans une attitude plus attachante, naïve et moins rigide que leur comportement traditionnel, Saint Seiya ayant souvent préféré privilégier l'émotion poignante à l'humour décomplexé. C'est pourtant bien la première fois que ces personnages se conduisent véritablement comme les adolescents qu'ils sont supposés être et à ce titre Seiya et Saori s'avèrent particulièrement attendrissants.

Bien évidemment avec une telle multitude de protagonistes à présenter en un temps si réduit, le film effectue des choix narratifs dont chaque fan aura des raisons d'être mécontent. Je ne vous infligerais pas mon avis détaillé sur chaque personnage du film mais ce qui est regrettable ce n'est pas tant le peu d'exposition dont chaque chevalier a droit, c'est surtout la manière dont cette faible exposition est gérée. A titre d'exemple, le personnage de Ikki apparaît dans une durée raisonnable étant donné ses apparitions minimalistes dans le manga, seulement sa véritable entrée en scène ridiculise le chevalier là où elle aurait dû suffire à marquer sa personnalité. Et malheureusement il est impensable de ne pas mentionner le viol indescriptible et inqualifiable de Deathmask qui constitue la seule hérésie incompréhensible du film à mes yeux.

Concernant l'esthétique visuelle, de nombreux débats ont déjà eu lieu sur les choix controversés de chara-design et si Saint Seiya n'en est pas à sa première relecture visuelle, il est regrettable que l’apparence des chevaliers manque ici d’homogénéité globale. Il semble assez explicite que les designers ont accentués la caractérisation visuelle des personnages afin que le spectateur comprenne directement leur rôle et leur personnalité sans nécessiter une exposition très détaillée (ce que le récit expéditif ne semble pas vouloir se permettre). Toutefois dans sa globalité, l'atmosphère globale s'avère finalement plus réussie qu'à première vue..

Ce fut même à nouveau une agréable surprise de constater à quel point la démarche visuelle s’efforçait de retranscrire l'atmosphère mythologique du manga, l'introduction du film étant un véritable bonheur à ce sujet. La mise en scène inventive s'évertue à se rapprocher par moments de celle de la série animée tandis que le dynamisme débridé des affrontements est une fois encore un rafraichissement bienvenu après la rigidité légendaire de la série originelle. Si la bande sonore demeure honorable sans jamais atteindre le génie de Yokoyama, la version française mérite d'être félicitée pour avoir su s'approprier si efficacement ces personnages emblématiques.

Bref, l'essentiel a déjà été dit. Si je ne peux en aucune façon reprocher les nombreuses critiques qualifiant ce film de trahison du Saint Seiya originel, je suis personnellement parvenu à adhérer à ce nouveau regard naïf et attendrissant sur les chevaliers d'Athéna pour apprécier pleinement le plaisir de découvrir enfin mon univers fétiche sur grand écran. Ce film est finalement parvenu une nouvelle fois à faire brûler mon cosmos pour outrepasser toutes ces lacunes.

Peu m'importe la répétition des combats, je ressens toujours leur dimension épique et chevaleresque. Peu m'importe la redondance du scénario, je ressens toujours l'ardeur passionnée qu'il véhicule, invitant à dépasser ses limites. Peu m'importe au bout du compte la qualité objective de ce film, je me laisse toujours porter par son imaginaire.

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le 25 févr. 2015

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