J'ai enfin découvert ce film de Sam Peckinpah. En dehors du fait que j'aime bien le nom de son réalisateur, je connaissais sa réputation sulfureuse. Et mes amis, quel film!

Les Summers, un couple urbain, incarné par Dustin Hoffman et Susan George, s'installent dans un coin reculé d'Angleterre dans lequel l'épouse, Amy, a grandi. Il rencontrent rapidement ses habitants et, au terme d'un enchaînement d'évènements dramatiques chacun va révéler ses pires instincts.

Le film tient à la fois du thriller paranoïaque, façon Rosemary's Baby, et du torture flck ultra-violent à l'image de Last House on the Left de Wes Craven. A un niveau plus profond on retrouve un questionnement sur les instinct animaux des humains et des difficultés de ces derniers à communiquer. Un film au propos en mille-feuilles qui ne cesse de piocher dans nos doutes et dans nos angoisses pour mieux nous remettre en question. La déroulement magistral du scénario tire le meilleur parti de ces thèmes et ne sacrifie jamais l'action au discours. Aucun personnage n'est épargné et le spectateur se retrouve entraîné dans un univers infernal dont la seule échappatoire est le fuite éperdue vers la solitude. Un pessimisme absolu.

Le montage n'a de cesse de nous mettre dans la peau des protagonistes et d'insister sur les enjeux relationnels pour ne rien épargner des situations. C'est notamment la relation entre le couple qui est mise en avant (et qui constitue le coeur du film). Ajouté à cet effort de mise en scène, le jeu évolutif de Dustin Hoffman soutient à merveille le scénario. Le film regorge également de plans, souvent fugaces, mettant en scène les personnages à la façon de toiles cauchemardesques. Une merveille de bout en bout.

La scène du viol, probablement la plus intense qu'il m'ait été donné de voir, est un moment unique de cinéma qui questionne le spectateur et lui interdit de se reposer sur une situation dont les tenants et aboutissants sont habituellement clairs. Ici, chacun apparaît soudain complice. Même ceux qui jusqu'au bout ignoreront les faits. Intéressant de savoir que cette partie de l'histoire est absente du livre qui a inspiré le scénario. Son ajout tend à montrer que le film résulte d'une démarche originale et non d'une simple adaptation. Cet élément de l'histoire prend une place clé qui décuple la puissance du film.

Malgré cette noirceur, Les chiens de paille n'est pas nihiliste. Il nous rappelle avec force l'importance de l'empathie, le grand absent du couple Summers, si nous voulons construire des liens solides avec nos congénères. Toute cette histoire de violence est une dynamique cohérente qui permet au film d'exister en temps que discours et en temps oeuvre cohérente.

On sort épuisant de ce voyage au bout de l'enfer, avec le sentiment d'avoir vu un chef d'oeuvre du cinéma qui justifie la passion de temps de gens à travers le monde. On pourrait en dire encore beaucoup mais je m'arrête là. Pas y passer la nuit et se mettre à chialer non plus.

Un choc cinématographique comme je n'en avais pas pris depuis fort longtemps. 11/10!
Etheroman
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le 11 avr. 2012

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Etheroman

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