De tous les nombreux films qui remettront en question cette longue interrogation sur la violence au cinéma, rare sont ceux qui sont allés vraiment au bout de leur sujet, et de tous ces rares spécimen, encore plus rares sont ceux qui sont arrivé à nous inquièter autant que Les Chiens De Pailles sur la nature de l'homme elle-même. Mais quand on peut caser un film dans ces trois cases-là, elle ne peut pratiquement pas ne pas faire partie d'une autre catégories où cette fois beaucoup plus de classiques injustement incompris sont passés : la controverse, et, dans le cas de Chiens De Paille, pas n'importe quelle controverse car à l'instar d'Orange Mécanique, le film, qui sera en partie pour cette raison un des plus connus du réalisateur (mais pas assez bien malheureusement) est un des films les plus controversés de tous les temps, lui valant comme pour Orange Mécanique une interdiction de visionnage en Grande-Bretagne, à la différence que pour Orange Mécanique c'était Kubrick lui-même qui avait censuré son propre film en Angleterre et ce jusqu'à sa mort en 1999, faisant que comme ce dernier le film de Peckinpah n'eût jamais la reconnaissance auquel il aurait eu droit. En effet, la raison principale serait que ici le cinéaste ne nous livre pas une violence gore comme on peut en voir dans beaucoup de films-chocs de nos jours, mais lui donne plus d'impact en plaçant le spectateur dans une constante attente durant la première heure du film. Dans celle-ci, déjà moins calme qu'on pourrait le croire, on peut tout de même admirer le casting de très bonne facture, Dustin Hoffman s'étant révélé avec ce rôle de jeune mathématicien, David Summer, poussé à bout jusqu'à une explosion de violence finale qui le révélera lui-même ; et il ne faudrait tout de même pas oublier le cadre et les magnifiques paysages campagnard de la Camargue qui sera pourtant le théâtre d'un massacre sans nom et sans précédent. Pour revenir au casting, il ne faudrait tout de même pas oublier Susan Georges, désignée dès le premier plan comme objet de désir pour ces autochones primitifs, qui se débrouille admirablement bien, et arrive même à être très impressionnante dans certaines scènes. Cette première heure, qui est donc, comme vous l'aurez compris très lente dans son déroulement, permet surtout à Peckinpah d'instaure une grande tension envers les personnages, et alors déploie un talent pour la descente aux enfers digne de Martin Scorsese (qui est lui aussi le maître pour mettre en scène les explosions de violence (voir Taxi Driver)). Cette tension, il la fera totalement exploser autant que sa maîtrise du Suspense percutant dans une deuxième et dernière partie incroyable en huit-clos, qui sera alors l'apogée du film, voyant David Summer essayer avant de finalement recourir à une grande violence surprenante pour calmer les ardeurs des paysans. S'ensuit une toute dernière scène, où au moment de voir le générique, le spectateur, en extreme désorientation après ce final sans compromis qui aura sûrement marqué les cinéphiles du monde entier, est envahi de réflexions. Dans cet état de claque extreme, il en vient même à oublier la simplicité du scénario devant les thèmes très complexes que le film fixe, la mise en scène de la dernière partie, la descente aux enfers du couple, le drame humain incroyable qui vient de se dévoiler devant nos yeux ébahis, impressionnés... conclusion : Si on pourra le trouver moins incroyable que Orange Mécanique, Chiens De Paille n'a pourtant pas à crouler à la comparaison face au chef d'oeuvre de Stanley Kubrick : incroyable, soigné, fondé, et... Incroyable, tout simplement...

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le 4 sept. 2011

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vivien-B

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