Entre beauté et ennui extrême

Comment noter ce film ? Un vrai dilemme...
La photographie est très belle et certaines scènes très touchantes et émouvantes. Le film est hypnotisant et est propre à la méditation ; ce qui est, sans aucun doute, voulu et recherché par le réalisateur.
Cependant, la longueur extrêmement mortelle de certains plans est vraiment dommage à mon goût. Autant cela peut être justifié pour la scène des panneaux ambulants, pour montrer et nous faire ressentir le cruel contraste entre l'immobilité des porteurs (ainsi que la souffrance morale qu'ils doivent subir intérieurement) et le fourmillement incessant de la circulation autour d'eux. Autant pour d'autres plans, quand il mange son poulet par exemple ou encore la scène finale... il n'y aucun intérêt à que ceux-ci soient si longs. Le besoin d'arrêter le temps pour s'évader de la dure réalité de sa vie (message porté par le film) aurait, à mon avis, eu le même effet sur le ressenti du spectateur si le réalisateur avait divisé la durée de ces plans au minimum par quatre : pour un plan de 20 minutes (scène finale), 5 auraient largement suffi, car 5 minutes c'est déjà extrêmement long !!! Donc dommage, vraiment dommage... car ça rend le film quasiment inaccessible et très ennuyeux... Comme on dit : "trop d'info tue l'info", et bien là tout autant "trop d'immobilité tue l'immobilité" à un tel point hypnotique que la plupart des gens dormaient dans la salle de projection... ce qui n'était, je ne pense pas, le but recherché... ?!
Par ailleurs, un autre point m'a dérangée. Le réalisateur a dépeint, tout au long, avec grand réalisme la vie de ce père porteur de panneau et de ses enfants livrés à eux-mêmes dans la journée. Et puis, tout à coup une jeune femme (travaillant dans un supermarché et ayant créé quelques liens avec la petite) vient les secourir, au moment où ça risquait de tourner mal, et les héberge chez elle tous les trois ; ce qui est, je trouve, plutôt utopiste et complètement improbable car dans la vraie vie ça n'arrive pas ou très exceptionnellement !! Donc pourquoi le réalisateur a-t'il basculé brutalement entre réalisme cru et utopisme ?! C'est, à mon sens, soit l'un soit l'autre mais pas les deux...
De plus, la transition entre la scène, où le père se retrouve seul dans la barque en criant pour savoir où vont ses enfants, et la scène suivante, où le père entre dans l'appartement de la dame et que celle-ci et ses enfants lui souhaitent son anniversaire, est complètement incompréhensive... ?! J'ai cru à un moment à un flash-back, la vendeuse étant peut-être la mère des enfants, les parents s'étant séparés ensuite pour x raisons, mais ce n'était apparemment pas du tout ça vu le dénouement final plutôt étrange...
Donc, en résumé, ce film est beau mais très difficile d'accès pas ses plans injustifiablement trop longs et certaines bizarreries du scénario.
Malgré tout, certaines scènes sont touchantes et il y a de très belles idées comme la petite fille qui construit une maman de chiffon avec une tête de chou, celle-ci ayant sa place dans le lit familial...
Du coup, je mets une note de 6/10 à ce film pour ces très belles choses même si j'aurais dû mettre beaucoup moins si je m'étais cantonnée à l'ennui ressenti à de multiples moments du film...