Après être passé tel un fantôme dans les salles obscures, Pitch Black, bijou de série B SF, se révélera tout de même assez rentable, si bien que David Twohy, son réalisateur, fort de s'être rempli les fouilles, se lance, 4 ans plus tard, dans sa suite : Les Chroniques de Riddick. Désormais affublé d'un budget quatre fois supérieur, David Twohy se relance dans l'aventure en choisissant de placer un des personnages culte de sa précédente réalisation au cur même de ce qui constituera le premier volet d'une futur trilogie dont Pitch Black en est en faite l'introduction (tout le monde suit ?). Aucune surprise donc de voir le choix se porter sur la nouvelle star Vin Diesel, révélé par Twohy puis consacré par Rob Cohen avec son Fast and Furious. En reprenant son rôle musclé de Richard B.Riddick, Vin Diesel, autant que David Twohy, s'assure l'affection du public et place l'anti-héros de Pitch Black en personnage principale de ces chroniques, l'acteur se mue donc cette fois ci en véritable héros d'une épopée qui lorgnera clairement plus vers le space opéra que l'horreur SF de sa désormais « introduction ».
Passé d'un statut de film dit « indépendant » à celui de film dit « Hollywoodien » ne se fera pas sans quelques modifications, alors autant le dire tout de suite : Les Chroniques de Riddick n'a rien à voir avec Pitch Black, on aurait d'ailleurs pu le deviner, notamment au vue de son nouveau budget flambant neuf, mais le changement va plutôt s'articuler sur l'ambition de cette suite, clairement tape à l'il.
Exit donc l'ambiance angoissante et nocturne de Pitch Black, et place aux gros effets spéciaux de la mort qui tue, dés lors, dans la même optique, Vin Diesel sera moins l'être énigmatique et ténébreux qu'il avait auparavant incarné, mais plus une sorte de brute sanguinaire toute droit sortie d'un beat'em all (un sous genre du jeux vidéo qui consiste à massacrer le plus d'ennemis possible). Le scénario, écrit par le cinéaste himself, va d'ailleurs dans ce sens et nous propose l'archétype du Space-opéra : Les Necromongers, armée inter-galactique aux sombres desseins, colonise une à une les planètes de l'univers dans le but de convertir le plus de fidèles possible. C'est dans ce contexte que Riddick, l'éternel fugitif aux yeux fluorescent, se voit forcer à l'exil par une résistance ayant foi en une légende dantan qui verrait un des derniers Furyens (un peuple rebelle anciennement disparu) mettre fin aux au joug Nécromongien, plus space-opéra, tu meurs ! Mais bon, dans le fond pourquoi pas, c'est un genre qui se fait de plus en plus rare, Les Chroniques empruntera donc à Star Wars, un peu à Alien, toujours à Stargate, et aussi à Dune, un melting pote rare qui décevra justement par son manque de personnalité ou tout à l'impression d'avoir été déjà vu.
Et pourtant le film est loin d'être mauvais, David Twohy reste un visualiste d'exception et peint la vision de cet univers intersidérale comme un magnifique tableau d'artiste, car tout y est artistique, du design des planètes à celui des costumes (ceux des necromongers restent tout de même un peu cheap), les décors sont à leurs tours magnifique et l'aspect visuel général, à grand renforts d'effets spéciaux, est à couper le souffle. Mais on ne doutait pas un instant du malin plaisir qu'allait prendre Twohy dans ces aspects purement esthétiques (surtout au vue de ses libertés financières), on doutait davantage du talent scénaristique du bonhomme (il a écrit le script du Fugitif et de Waterworld, entre autres) et on avait raison. Car au prix d'une introduction très « regardes comme on a pleins de sous » et d'un dénouement très « prévisible » Twohy aura la bonne idée de réussir sa partie centrale, une partie (la majorité du film) dont le lien avec le reste m'échappe étrangement. Vu qu'au bout d'une bonne demi-heure de film, Riddick s'en va rejoindre la planète carcérale Crématoria, de quoi y rester une bonne heure (et là plus question de necromachin), pour y repartir et boucler les vingts minutes restantes. Un choix de cohérence incertain qui plombe quand même une bonne partie du film, et si je m'y attarde c'est que cette partie centrale sur Crématoria est excellente, on y retrouve un peu de l'esprit qui avait fait le succès de Pitch Black et de ce jeu de lumière très photographique dont il tirait sa force. Une remarque qui aurait dû être la principale direction de cette suite, finalement trop tapageuse et inutilement space-opéra.
On ne pourra pourtant pas reprocher à Twohy de s'être découvert un véritable héros (un vin diesel toujours aussi charismatique), un univers et une franchise, car malgré tous ses défauts Les Chroniques de Riddick reste un divertissement de science fiction de très bonne facture dont on décèle quelques très bonnes idées et dont on constate la très forte identité visuelle. Un ensemble qui manque toutefois d'une consistance certaine et d'une vraie cohésion scénaristique, ça sera peut être pour la prochaine fois, sa suite, simplement intitulée « Riddick », est prévue pour 2013, affaire à suivre.