A la la ! Depuis hier je salive à l'idée d'entamer cette critique. J'avais laissé Riddick en 2000, sur le trottoir qui longeait le cinoche. Un moment sympa, sans prise de tête, sorte de plaisir coupable proche - mais moins percutant tout de même - que La Momie de Fraser.

Longtemps j'ai laissé ces chroniques sur le côté. Peur de la déception, occasions manquées, Riddick était resté dans l'ombre. Et puis un certain Real m'a signalé qu'un troisième opus allait sortir bientôt. La bande annonce envoyant ce qu'il faut, je me suis dit qu'il serait bon de combler le vide, de tenter l'expérience. Après tout, mon cher Real n'avait-il pas lancé les hostilités en pondant deux excellentes critiques sur ces opus ? Vous ne me croyez pas ? Ben allez ici, par exemple :

http://www.senscritique.com/film/Les_Chroniques_de_Riddick/critique/5210705

Du coup je vais zapper Vin, Real en parle très bien, qu'ils m'excusent donc pour le pompage / oubli (en même temps Vin fait gaffe, je te prends au bars de fer quand tu veux)

Donc hier soir la tnt me permet de franchir le cap. Boudiou, que j'ai bien fait.

L'exercice proposé par David Twohy est fondamentalement râtée sur un large panel : le scénario parfois vraiment faiblard dans sa structure narrative (la motivation de la virée sur la planète crématoirement carcérale est d'une faiblesse assez affligeante), certains plans assez chaotiques, des invraisemblances à la limite du ridicule lorsque un peu de flotte suffit à passer un mur du feu de 700°c, sans oublier du numérique parfois de faible tenue et des décors .. ben assez dignes du Conan de la grande époque.

Conan. On y vient. Le lecteur assidue de ma prose me dira que Real ayant cité Conan, je ne pouvais qu'abonder dans son sens, dévaster mon jean et soulever la table en restant assit tellement je suis heureux. Oui, mais pas que. Loin de là.

Il est clair qu'il y a dans ce Riddick là, bien plus que dans le premier opus, du Howard. Mais ça va loin, beaucoup plus loin à mon sens. Je ne connais pas David Twohy mais je serais heureux de partager une binouse avec lui. Si le personnage de Conan est justement évoqué par Real, je vais donc éviter d'en rajouter une couche, les pistes sont bien plus nombreuses. Ce film est une sorte de syncrétisme encore inabouti de toute une sous-culture que Madame Royal voulait voir condamnée aux enfers ou qu'un chroniqueur de la trempe d'un Zemmour pourfendrait dans un édito au napalm déplorant la dégénérescence de notre pays, de notre culture, de l'Occident et de tout son fratras.

Syncrétisme ? Allons-y.

Un héros côté sombre ? Je dis K.E.Wagner et je jubile à l'idée de placer Kane. Je dis Howard, non pour Conan, mais pour Salomon Kane. Le chef d'un ordre militaire qui fracasse l'univers mais qui a peur d'une race de guerriers légendaires, qui pour s'en débarasser pulvérise leur planète et récupère quelques spécimens à son service ? Je dis Akira Toriyama, je dis Freezer, je dis Vegeta. Elémentaires ? Je dis les bons vieux AdnD et tout l'univers de Ed Greenwood. Un peuple supérieur qui met tout le monde en esclavage, qui tue, viole, converti à un culte de nécromanciens ? Mais que diable, Moorcook sort de ce corps ! Ces chroniques transpirent Corum, exhalent la sueur emplie de folie d'Elric ! Ces Necromangers sont les héritiers directs des Melnibonéens ! Et puis MAYRDE ! Des chasseurs de prime ! Des foutus mercenaires de l'espace ! Je peux faire mes courses en portant un teeshirt de Boba Fett ! Vous vous attendiez à quoi ? Bien entendu que je m'enflamme !

Les chroniques de Riddick sont formellement râtés ; manque de folie, de souffre, univers pas encore assez noir, moyens pas à la hauteur ou mal exploités, ambition visuelle inaboutie, oscillant entre le nanard, le nawak, et le très intéressant. Mais c'est en ça qu'il mérite son 8. C'est une relecture de multiples codes, ce sont des dialogues parfois excellents, c'est un univers en gestation, donc encore bien imparfait. C'est à des années lumières d'une production lisse et belle made in Prometheus ou Oblivion. Cette imperfection pue, mais elle touche. L'action, assez niaise et simpliste au départ, devient épique et envoutante sur la fin. Ces chroniques montent en puissance, rassemblent le pire et le meilleur d'une culture Pulp qui m'a toujours attiré. Et en plus David Twohy a eu la bonne idée de finir en beauté loin des facilités d'usage quant à la miss de service. Et le trône ...

Une explosion de saveur, de sueur, de testostérone, de fantasy, de turbos lasers, de planètes improbables ... un Chaos jubilatoire.

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le 18 sept. 2013

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Aqualudo

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