"Je crois en toi. Je n'ai juste pas peur de toi".

Lien vers la critique complète avec images :

https://miellez.wordpress.com/2022/11/05/les-cinq-legendes-garder-son-ame-denfant/

Parmi toutes les œuvres que j'ai attendu avec une certaine excitation, seules trois ne m'ont pas déçues à l'arrivée. Dragon, Good Omens, et les Cinq Légendes.
Découvrant la bande annonce en novembre 2012, je l'ai regardée chaque jour durant jusqu'à ce que je puisse aller le voir au cinéma (le 1er décembre, jour du marché de Noël. Ça ne sert à rien de le dire mais pour moi ça compte).
Ça a été la première fois que, directement après avoir vu le film, j'en suis ressortie en me disant « C'est mon film préféré maintenant ». Et ce n'est absolument pas dur de savoir pourquoi, tant le film est exceptionnel.

Déjà le visuel est à couper le souffle. C'est aussi simple que ça, après huit ans, et alors que d'autres films sortis après sont déjà vieillis, celui-ci n'a pas pris une ride.
Au niveau des personnages, il y a une sorte de grain sur la peau, qui ne la rend pas lisse ou translucide (je pense notamment aux personnages de la Reine des Neiges qui me font cet effet-là) ce qui fait que la lumière arrive sur eux de manière parfaite et les insère très bien dans les décors.
De même, les cheveux, même si on voit qu'ils ont un peu vieillis, reste parfaits. Ils ont des mouvements simples mais réels, et s'incrustent parfaitement bien dans le visuel.
De plus, leurs mouvements sont tellement agréables ! C'est un peu drôle de dire ça mais quand je vois Jack faire des cabrioles dans tous les sens, ça pourrait être facilement casse-gueule, sans jeu de mot, et donner quelque chose de peu agréable à voir mais non. Les mouvements sont fluides, aériens, peu importes les personnages. Même de voir des humains voler avec des ailes, comme Tooth, voler sans rien, comme Jack, ou flotter légèrement, comme Sandy, pourrait rendre vraiment mal mais ici c'est tellement bien fait qu'on ne se rend quasiment jamais compte qu'on voit réellement un humain voler.
De même, certains mouvements sont exagérés pour donner un ressort comique et je ne me souviens pas avoir vu autant d'utilisation de cet effet pour un film en 3D. Et pourtant le métrage en est gorgé et je ne peux m'empêcher de pouffer de rire à chaque fois tant le rendu est drôle.
Enfin, au niveau des personnages, je ne peux m'empêcher de parler du reflet de leurs yeux. On sent littéralement ce qu'ils ressentent à travers ces reflets. Non seulement ça leur donne un côté vivant mais aussi super beau, et presque réel, comme si de vrais acteurs jouaient devant nous.
En plus de leurs yeux, il y a leurs expressions en général. Elles sont tellement travaillées que je les trouve exceptionnelles. C'est vraiment le seul film d'animation où j'arrive à voir réellement les émotions des personnages, suivant l'inclinaison de leurs têtes et leurs corps, leurs sourcils, leurs yeux, leurs bouches... Je ne sais pas trop ce que le film a fait que d'autres ne font pas mais ça m’époustoufle à chaque fois.
Au niveau colorimétrie c'est aussi parfaitement géré. On pourrait croire que j'exagère mais pas du tout : que l'on soit dans le palais de Tooth qui est éclatant de couleur ou l'antre de Pitch qui est quasiment en noir et blanc, tout est géré à la perfection.
De même, chaque personnage a son code couleur, le rouge, le jaune, le vert, le gris, le bleu et le noir. On pourrait croire qu'on aurait alors une bouillasse visuelle mais pas du tout, tout s'imbrique parfaitement. C'est encore plus voyant quand Sandy n'est plus là, et qu'on ressent un réel manque de couleur au milieu du reste des personnages.
Enfin, les décors sont magnifiques, mais je note principalement la lumière, les nuages, la glace et le sable.
Pour la lumière, la gestion de celle-ci est parfaite et contribue à faire que le film ne vieillit pas. En effet, si on regarde le tout premier Toy Story, c'est le fait que la lumière et donc les ombres soit quasiment absente qui le vieillit totalement. Ici, celle-ci est parfaitement gérée et donc les ombres aussi. De plus, je note les magnifiques raies de lumières qui émettent des choses lumineuses (comme la lampe torche de Jamy) qui sont sacrément en avance sur leur temps pour un film de 2012.
Les nuages, on ne les voit pas énormément mais je les note surtout au moment de la bataille du milieu du film : ceux-ci font tellement vrais, on pourrait presque les sentir ! Le film a probablement utilisé le même logiciel que pour Dragon mais peu importe, ils sont super beaux.
La glace, et notamment le givre de Jack, est elle aussi magnifique. Tous ces petits détails si agréables à voir ! Et surtout, cette façon dont a été reproduite le réel givre, chaque petit embranchement que forme la nature, est superbe.
Enfin, le sable. Partie importante du film, il est notamment celui de Sandy et comme pour la glace, bon sang que les détails sont beaux. Chaque petit grain brille, tombe, évolue comme des paillettes, mais en beaucoup plus beau. Chapeau bas.
Il y a aussi le sable de Pitch. Il est tout aussi détaillé que celui de Sandy, mais noir, et quand il est agglutiné, ressemble moins à un nuage mais plus à une substance visqueuse, impression renforcée par la lumière qu'il reflète là où le doré émet sa propre lumière.
Pour finir, j'en parle très peu mais on a aussi la gestion de la caméra qui est absolument parfaite et inventive pour un film d'animation, et ne se contente pas d'être une caméra passive.

Au delà du visuel, il y a aussi le son.
La musique, je ne peux pas dire que je la déteste parce qu'à force de voir le film, je m'y suis habituée. Mais si je dois noter un point négatif, ou plutôt un point que je n'aime pas, au film, il s'agit seulement de la musique. Elle va bien avec le film, c’est vrai, mais j'aurais aimé quelque chose de plus... de plus attrayant pour moi, ce n'est tout simplement pas ce que j'aime.
En revanche, ce que j'aime, c'est le sound design et principalement celui des effets magiques. Que ce soit les effets de glace de Jack ou de sable de Sandy, ce petit son de scintillement est vraiment beau pour les oreilles. Ou encore le bruit des ailes de Tooth, les cauchemars de Pitch, et tellement de choses dans ce film que je n'ai plus d'exemples.
Enfin, et un des plus gros point fort du film : les acteurs.
Les Cinq Légendes est un des seuls films d'animations, voire le seul en fait, que je regarde toujours, toujours en anglais alors que la version française est très bonne. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n'ai jamais entendu un doublage aussi parfait que celui-ci.
Déjà, certains phrases s'enchaînent et sont dites d'une manière telle qu'on en oublierait qu'on est devant un film d'animation. J'avais pour but d'écrire chaque phrase que j'ai pu noter mais en fait la moitié du film est noté dans mon portable. Mais je n'ai jamais, au grand jamais vu ni revu de films d'animations où chaque doubleurs a fait un travail aussi bon et chaque animateur a réussi à coller une parfaite gestuelle au personnage pour coller à l'acteur.
Évidemment, même si j'aime le professionnalisme de Chris Pine en Jack, ou la voix tellement modifiée d'Hugh Jackman en Bunny que j'ai mis des années à reconnaître, je dois absolument parler de Jude Law en Pitch.
S'il y a des personnages animés dont j'adore les doubleurs (les exemples ne manquent pas, Jean Piat en Frollo, Jeremy Jordan en Varian, Benedict Cumberbatch en Smaug ou Ray Romano en Manny...) je le dis et le redis depuis huit ans, je n'ai jamais vu de voix qui collait autant au personnage que Jude Law avec Pitch.
Il a une voix tellement charismatique, tellement douce et apaisante puis tranchante et effrayante la seconde d'après, il met de l'énergie quand il le faut et de la courtoisie dans l'autre cas, de la lourdeur quand Pitch envoi des phrases qui font mal et de la finesse dans les autres cas... Franchement je pourrais passer des heures à expliquer pourquoi je le trouve absolument parfait dans ce rôle.

Le film démarre ET IL EST TROP BIEN hum pardon. Il démarre sur un logo original de Dreamworks, dans lequel Jack se trouve sur la lune.
Puis on est accueillit par Jack, sa voix, nous expliquant ce qu'il a ressenti quand il est ''né''. Cette façon dont la Lune l'a accueilli et rassuré.
Le moment où il découvre ses pouvoirs est beau et magique. Je ne vais pas m'amuser à dire quelle scène est ma préférée ou non dans le film puisqu'il y a quasiment tout le métrage dans cette liste, mais vraiment ce moment au calme, dans la nuit, où Jack découvre ses pouvoirs et agit tel un enfant, s'amusant et jouant avec, sautant de joie (je me répète mais les mouvements font si réels, rien que ce petit détail de lui sautillant avant de courir sur le lac...)
En fait, cette scène capture réellement la magie que je vois quand je me réveille les matins d'hiver et je vois le paysage gelé ou enneigé. C'est beau, c'est calme, c'est poétique et magique. La neige absorbe les sons, la nuit n'est pas effrayante mais mystérieuse et peut receler de tant de choses qu'on ne connaît pas, le givre et la neige qui scintillent sont magnifiques et le tout est emprunt d'un tel sentiment irréel qu'on croirait à une vraie pause dans la vie. C'est cette ambiance là que le film à réussi à recréer avec l'introduction, c'est splendide et ça me touche réellement.
Je parlerais de Jack tout du long du scénario puisqu'il s'agit de son film, mais je tiens juste à faire remarquer que son design est superbe. Évidemment il est extrêmement charmant, mais si on se penche plus sur son physique on voit à quel point il est travaillé. Sa peau blanche indiquant la façon dont il est mort, de même que ses cheveux blancs, mais ce sont surtout ses yeux, d'un bleu irréel et, si on y regarde de plus près, incrustés d'une iris avec une forme de cristal de neige que je trouve très beau. Les détails sont là et ils font super plaisir.
Il y a aussi ses habits, ceux avec lesquels on le découvre, puis son hoodie, qui sont superbe. Ce dernier particulièrement puisqu'un incrusté de glace au niveau où il touche la peau de Jack, et brillant de telle manière qu'on le croirait sans cesse mouillé ou gelé.

Après cette entrée en matière on découvre le Père Noël, North, de son vrai nom Nicholas St North, et cette phrase va devenir récurrente mais qu'est ce que je l'aime.
Fini, les Père Noël bienveillants et peu expressifs, au placard, les Santa rondouillards et vieux : nous voilà avec un North plus russe que jamais, combatif, avec des tatouages et un magnifique accent.
Il est le Gardien de l'émerveillement et a été choisi par l'Homme de la Lune pour mener à bien cette mission.
Pour caractériser ça, les animateurs ont décidé de lui mettre une bague au pouce, qui est parfois vu comme un symbole de la créativité.
Son lieu de résidence, au Pôle Nord, est magnifique et transpire Noël. Il n'y a qu'à voir les détails apportés à cette forteresse, qui n'est pas simplement posée sur la glace mais bien reliée à cette glace, et son intérieur, qui transcripte parfaitement ce qu'est Noël. D'ailleurs, c'est ce lieu qui fait que, malgré que le film se déroule pendant Pâques, l'ambiance qui s'en dégage en fasse totalement un film de Noël.
L'idée qu'au lieu des lutins, les yétis travaillent pour lui est plutôt rigolote. De quoi mettre une petite légende en plus dans ce film.
C'est donc durant cette petite introduction qu'on découvre absolument tous les autres personnages, puisque North les appelle, et qu'on découvre même Pitch. La scène est superbe, rien à dire.

North accueille tous les autres gardiens et leurs interactions sont vraiment mignonnes, drôles et réalistes. Ils agissent vraiment comme une vieille famille qui se lance des piques quand ils se voient une fois par an. J'aime surtout les disputes entre North et Bunny qui pensent chacun que leur fête est plus importante que l'autre, Noël et Pâques étant deux événements majeurs au cours de l'année où les familles se réunissent et s'offrent des présents. Quand Tooth se met au milieu de leur querelle, elle dit ironiquement que « tout le monde n'a pas le droit de travailler une seule nuit par an », ce qui fait apparaître la dispute de North et Bunny encore plus stupide. Même l'argument de Tooth n'a aucune valeur quand elle demande son avis à Sandy qui, lui, doit travailler toutes les nuits avec tous les enfants du monde et s'en contrefiche de leur chamaillerie.
L'Homme de la Lune choisit ce moment pour leur montrer qu'un nouveau Gardien doit faire son apparition, et c'est Jack Frost qui est choisi.

On redécouvre alors Jack, à notre époque, s'amusant avec les enfants de tous pays. Il reste cependant particulièrement attaché à la ville où il est apparu, et on découvre Jamie.
Jack semble avoir un attachement particulier à Jamie et c'est tout simplement pour moi qu'il est le descendant de la sœur de Jack (qui n'a pas de nom officiel mais est souvent appelée Mary parmi les fans). Ce qui me fait penser ça, c'est la ressemblance entre Jamie et Mary, ainsi que le fait que Sophie ait la même coupe de cheveux que la sœur de Jack. Rien de bien concret mais totalement plausible, encore plus quand les deux vivent au même endroit et ont la même actrice qui fait la voix de leurs mères.
Une autre chose que j'aime chez Jamie c'est qu'il est un personnage qui croit en beaucoup de choses. On le voit, il a un livre qui parte de cryptozoologie (science des animaux qu'on pensait qu'ils n'existent pas mais qu'ils n'existent), prouvant ainsi qu'il aime croire à des choses que les adultes pourraient ne pas prendre au sérieux. C'est pour ça qu'il réagit en demandant directement à sa mère qui est Jack Frost quand elle le mentionne, puisqu'il ne serait qu'un personnage de plus à ajouter à sa collection de choses à croire.
Au niveau des détails, il a un petit tatouage éphémère d'enfant sur le dos de la main, un tatouage du Lapin de Pâques, et sa chambre est remplie de choses tels que dessins de Pokémons ou de posters de créatures étranges et ailées... Tout pour montrer qu'il était le parfait enfant à être le dernier à croire aux Gardiens.
On découvre aussi qu'après 300 ans, personne ne croit encore en Jack. Et on le voit vraiment, au moment où Jamie le traverse, que ça lui fait extrêmement mal : il aime les enfants, il vit pour eux. Il aime les voir s'amuser, être heureux, être innocents, ce qu'il fait qu'il adore complètement leur donner du bonheur, de la joie, de l'amusement (chose qu'il faisait aussi quand il était humain). Et c'est pour ça qu'il veut qu'on le voit, pour qu'il puisse leur apporter encore plus de choses, leur jouer des tours, les amuser. Qu'ils ne les voient pas lui déchire le cœur.
La nuit, Jack observe Jamie et quelque chose que je n'ai pas dis : on ne voit jamais une tête d'adulte humain dans le film. Toujours que des enfants partout, les adultes étant toujours cachés, pour montrer qu'on est bien dans un monde d'enfants.
La scène est ici très poétique, avec Jack questionnant la Lune avant d'aller s'amuser mollement sur les toits, quand les rêves de Sandy arrivent. Un chose que j'aime bien dans le film, c'est l'amitié de Jack et Sandy. Ici, Jack semble adorer les rêves du Marchand de Sable, et, plus tard dans le film, Sandy a l'air de bien s'amuser en voyant les pouvoirs de Jack. On ne s'attarde jamais vraiment sur leur relation mais il n'y a pas besoin, il suffit de les observer.

Et c'est quelque chose que j'aime beaucoup dans le personnage : son côté proche de la nature. Certaines rayures sur lui ont la forme de fleur, ses yeux comportent des iris avec une image d'herbe, ses terriers peuvent créer des fleurs, il y a une superbe image où il tiens des œufs dans ses pattes, de façon très protectrice, et plusieurs papillons sont en sur-place autour de lui alors qu'il dit « C'est adorable »,... Si on m'avait décrit tout ça sans me dire de quel personnage il s'agissait, de but en blanc j'aurais dis qu'il s'agissait de la Fée des Dents. Mais non, loin du cliché de la seule fille du groupe qui aime la nature, les fleurs et les belles choses, elle aime les dents avec de la gencive et du sang. Tandis que ce rôle de grand cœur revient à Bunny, lui qui semble si ''mâle'' tout au long du film. Et on en revient à cette petite matriochka de North : pour Bunny, sous un côté confiant et compétiteur apparaît quelqu'un d'impulsif, sensible, complexé et finalement plein d'espoir.
Il est donc le Gardien du renouveau, de la nature et, comme je l'ai dis, de l'Espoir. Il reste cependant un peu éloigné des autres Gardiens, déjà parce qu'il est le seul représenté par un animal (d'ailleurs ses origines viennent d'une créature irlandaise appelée une Pooka), mais aussi parce que contrairement à tous les autres, il ne vole pas mais se déplace sous terre.
Enfin, j'aime bien sa relation un peu tortueuse avec Jack. Il déclare ne pas l'apprécier mais on dirait plutôt une querelle de frères, l'un défiant toujours l'autre.

L'émerveillement est bon, oui, mais quand on a trop cette envie de beauté, la finalité peut nous décevoir, et la curiosité qui peut nous pousser à voir ce merveilleux peut devenir dangereux, car ne dit-on pas que la curiosité est un vilain défaut ?
Les rêves. Il est bon de rêver, d'imaginer, mais à force de vivre dans un rêve on peut passer à côté de la réalité.
L'espoir. Ai-je besoin de décrire en quoi un faux espoir peut être mauvais ?
La mémoire. C'est super de se rappeler ses souvenirs d'enfances, mais la nostalgie ou les mauvais souvenirs existent.
Enfin, Pitch lui, ressent les peurs. Il aurait pu s'en servir pour aider les gens, les aider à être courageux, à faire face à leurs craintes mais non, il a choisi de leur faire ressentir la peur. Ce qui a fait de lui l'ennemi des Gardiens.
Jack, maintenant. On sait à la fin du film qu'il est le Gardien de l'amusement. C'est super de s'amuser, mais parfois on s'amuse tellement qu'on ne se rend pas compte qu'on est en danger. Même le pouvoir qu'il a, celui de la glace, du froid, de la neige, métaphorise bien tout ça. En effet, il a quelques temps, et toujours maintenant, le froid peut être quelque chose de mauvais, il peut tuer, il ralenti la vie. Mais de nos jours, le froid, la neige symbolisent aussi l'amusement. Faire des batailles de boule de neige, de la luge, du patin à glace, du ski. Jack choisi au moment où Pitch lui propose de s'allier, de se tourner vers le bon côté de son pouvoir, celui qui le caractérisait : jouer des tours aux autres, mais pour les amuser, pas pour les embêter. Il choisit d'être un Gardien.
Véritablement blessé par le refus, de Jack, on le voit dans son regard, Pitch veut se venger de lui, le privant de son bâton, et tuer Baby Tooth pour qui, Pitch le sait, le jeune homme éprouve une réelle affection. Deux petits détails ici : la tête que fait Pitch quand il montre Baby Tooth est magistrale, on sent toute la délectation dans son regard, le fierté qu'il ressent face à ce qu'il va faire.
Le deuxième, les détails sur la peau de Pitch. Que ce soit les muscles de son cou, ses lèvres gercés ou la petite peau le long de ses ongles, je le redis mais un nombre de détail pareil en 2012 c'est exceptionnel. Je le note ici parce que c'est la première fois que l'on voit vraiment Pitch tout en détail à la lumière.
Jack offre donc sont bâton, la source de ses pouvoirs, à Pitch. Encore deux détails mais la réaction du bâton, qui devient noir quand Pitch le touche, c'est subtil et rapide mais ça fait tout son effet. Le deuxième, c'est le petit mouvement de balancier que fait le Croquemitaine quand il a le bâton en main. C'est un mouvement tellement naturel mais rappelons qu'ici c'est un film d'animation : tout est fait à la main. Ce mouvement a été pensé et travaillé et rien que ça ça me bluff. Et ça rajoute encore plus de prestance à Pitch.
Mais passons, Baby Tooth et Jack se font éjecter et le bâton, briser (d'ailleurs tout autant que la mort de Sandy j'avais deviné ce petit ressort quand j'avais vu la bande annonce, je ne sais pas ce que j'avais à l'époque à tout deviner).

Jack montre à Jamie que le Lapin de Pâques est réel. C'est alors que, en voyant de la neige qui se pose sur son nez, Jamie se rappelle ce que lui a dit sa mère : que s'il avait froid, Jack Frost lui mordrait le nez.
C'est un beau point du film que j'aime ici, puisque Jack est venu prouver que Bunny existait et par là-même, Bunny, indirectement, a prouvé l'existence de Jack. C'est très beau pour deux personnages qui ne se supportaient à priori pas.
Le plan est aussi très beau, très calme avec cette neige tombant doucement, et avec Jack rentrant dans le cadre au moment où Jamie se met à croire en lui.
Même la joie de Jack est réaliste, puisque au lieu de hurler dans tous les sens comme on pourrait s'y attendre, il est tout d'abord surpris que Jamie ait dit son nom. Puis le petit dialogue qu'il formule est juste magnifique et me donne les frissons à chaque fois :
«Mais oui ! Mais... Mais c'est moi ! Jack Frost, c'est mon nom ! Tu as dis mon nom ! Attend tu... tu peux m'entendre ? Tu... Tu peux... Tu peux me voir ? [Jamie hoche la tête] Il me voit. Il... Il me voit ! ».
La façon dont sa voix monte en crescendo autant en puissance qu'en vitesse, la façon dont son visage s'éclaire (les reflets dans les yeux mesdames et messieurs, les reflets dans les yeux!), la façon dont il fait un salto avant de se recroqueviller et ne laisse complètement exploser sa joie que quand Jamie lui demande de façon rhétorique s'il est réel, le moment est magnifiquement beau et me met la larme à l’œil. Assez exceptionnel quand on sait qu'il s'agit de la première scène animée et finalisée du film.
Les Gardiens arrivent alors, et leurs couleurs désaturées ainsi que leurs positions montrent parfaitement à quel point ils sont faibles. Mais le plus drôle reste quand même le petit lapin tout mignon qu'est devenu Bunny, gardant les exacts mêmes postures et mimiques que quand il était grand mais avec une classe amoindrie.
Mais Pitch se joint aussi à la fête et, pour combattre Jack, il se lance dans la bataille dans ce qui est un des mouvements les plus pimpant et classe de tout ce qu'il peut faire du film : quand il se laisse tomber en tournant, amenant ses cauchemars avec lui en même temps. Sandy avait fait quelque chose d'assez similaire mais en beaucoup moins excessif et angoissant, rappelant encore plus l'opposition entre les deux personnages.
Pitch cependant est devenu trop fort même pour Jack, et quand il s'approche des Gardiens et de Jamie, on peut constater qu'il a grandit depuis le début du film, tellement il a pris de pouvoir.
Jack réalise alors ce qu'est son centre : rendre le tout amusant. Il a sauvé sa sœur en l'amusant, et comme le dit Pitch, il « gâche toujours tout », mais gâcher n'est pas forcément mauvais.
Comme ici, on voit Pitch qui s'approche petit à petit, détruisant les lumières, insinuant qu'il pourrait tuer Jamie, soignant son entrée comme toujours, c'est sans compter sur Jack qui va la lui gâcher en lui envoyant une boule de neige à la tronche. Pitch l'avait cherché en lui déclarant plus tôt qu'il gâchait toujours tout.

Les enfants montrent alors leurs potentiels. Quand le Croquemitaine dit aux Gardiens « Vous les protégerez. Mais qui vous protégera ? », les enfants se mettent au devant d'eux, les uns après les autres, disant « Je le ferai ».
On en revient à ce que je disais plus haut. Les Gardiens protègent les esprits des enfants, ils leurs apportent du bonheur, quand ceux-ci dorment. Mais les enfants ont tout une vie à côté de ça, une vie que les autres Légendes ne connaissent pas, mais que Jack lui, connaît. Ce qui faisait de lui le parfait Gardien pour prouver à Jamie que le Lapin de Pâques était réel.
Maintenant, protéger ce qui apporte de la joie aux enfants n'est pas protéger les enfants physiquement. Juste avant que Jamie s'avance, on voit que Jack est prêt, lui, à les protéger de Pitch, physiquement, prêt à se lancer dans cet assaut.
Cependant, le fait que Jamie se mette en avant, et protège les Gardiens, est fort de sens puisqu'il montre, comme je l'expliquerai dans ma théorie Vice-Versa plus bas, qu'il est seul protecteur de sa joie. Il défendra les Gardiens, qui lui apporteront du bonheur, bonheur qui lui fera croire aux Gardiens, les faisant exister, etc etc.
Quand Pitch, faisant fi de leur petite scène, dit « Vous ne croyez toujours pas au Croquemitaine ? », Jamie répond par la meilleure phrase du film :
« Je crois en toi. Je n'ai juste pas peur de toi. »
Et quand ce dernier lance son attaque, Jamie peut la parer puisqu'évidemment, le sable noir de Pitch est fait de cauchemar : sans la peur, les cauchemars ne sont que de simples rêves. Donc le sable de rêves de Sandy est de retour.
Les Gardiens déchaînent alors tout ce qu'ils peuvent ; yétis et jouets pour North, œufs en pierre pour Bunny, tandis que Jack part affronter Pitch.
Je le dis et le redis mais bon sang que les mouvements de Jack sont bien faits, fluides et agréables à l’œil !
Tooth sauve Jack d'une mort comparable à celle de Sandy, Bunny invite North dans son terrier, puis ressort par une cheminée tandis que... North se trompe. La blague pourrait être de trop mais le fait qu'on voit les autres Gardiens s'agiter dans tous les sens et se battre en arrière plan rajoute pile la touche d'humour qu'il faut pour me faire rire.
Puis chacun détruit un cauchemar, privant le Croquemitaine de destrier. Le combat se poursuit au sol avant que les quatre Gardiens ne fassent face à Pitch, dans une scène rappelant totalement les Avengers.
Jack encore une fois ne fait pas trop preuve de bon sens, puisqu'il déclare à Pitch qu'il n'a plus aucun endroit pour se cacher, chose peu intelligente à dire en face d'un ennemi qui peut se déplacer à travers les ombres. Tandis que Bunny tente de sauver Jack d'une mort certaine, quelqu'un attrape l'arme de Pitch avec des fouets brillants... annonçant le retour de Sandy, qui parvient à éliminer Pitch d'un seul coup, prouvant sa puissance.
La joie que montrent les Gardiens face au retour de leur ami est la même que celle affichée sur mon visage, mais j'aimerais revenir un peu sur ce retour de

Miellez
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films d'animation Dreamworks, Top 10 Films, Top (d'un chiffre inconnu) films d'animation, Les films vus le plus de fois et Les meilleurs films de Noël

Créée

le 12 déc. 2022

Critique lue 288 fois

Miellez

Écrit par

Critique lue 288 fois

D'autres avis sur Les Cinq Légendes

Les Cinq Légendes
Before-Sunrise
9

BadAss Santa

Il me fallait attendre le mois de décembre pour découvrir ma surprise cinéma de l’année. Après Dragons qui récolte la même note, Rise of the Gardians prouve que Dreamworks peut très aisément faire de...

le 10 déc. 2012

61 j'aime

15

Les Cinq Légendes
Sergent_Pepper
8

The bright side of the moon

On me dit « Tiens, on va voir un film d’animation avec le père Noël, le lapin de Pâques, la fée des dents et le marchand de sable », je demande au dernier de faire vite son boulot avant de me choper...

le 24 déc. 2013

54 j'aime

3

Les Cinq Légendes
Hypérion
7

I believe I can freeze !

Imaginez un peu, alors que le rêve et le merveilleux des bambins est menacé par une menace issue des âges sombres, un être mystérieux convoque leurs plus grands protecteurs : le Père Noël tout de...

le 10 déc. 2012

51 j'aime

4

Du même critique

Pirates des Caraïbes - Jusqu'au bout du monde
Miellez
10

Applaudissons la seule vraie traduction de la saga

S'il y a bien une saga qui m'a vu grandir, c'est Pirates des Caraïbes. Je n'ai jamais vu aucun des films au cinéma mais j'étais très souvent plongé dedans. J'ai toujours trouvé le premier volet...

le 5 mars 2017

10 j'aime

5

Profilage
Miellez
9

Psycho ? Profil ? Intuition ?

Aujourd'hui, critique de série ! Eh oui, déjà que je ne suis pas douée pour les films, je m’attelle à une de série. Logique. Bref, je vais donc faire part de mon avis concernant une série qui...

le 22 nov. 2015

9 j'aime

5