Rencontre improbable entre super-héros et esprits des fêtes.

Alors que les fêtes de Noël approchaient pendant l’année 2012, la même année qui ont vu les sortis de Les Mondes de Ralph en fin d’année ou encore Rebelle qui n’aurait pas convaincu le public, Dreamworks animation s’est lancé dans ce que j’appellerais la dernière entreprise originale à grande ambition digne des premiers films du studio, et propose ici ce que l’on pourrait appeler une combinaison aussi amusante qu’improbable entre le film de super-héros et l’esprit des fêtes de fin d’année.


A la base il s’agissait d’une saga de romans de William Joyce, un auteur, illustrateur et réalisateur qui a notamment apporté sa contribution chez Disney, Pixar et Blue Sky Studio sur plusieurs films à travers ses concept-arts tel que Toy Story ou les 1001 pattes ainsi que Robots. L’idée de rassembler les icones populaires des fêtes et de l’imaginaire collectif des enfants vient donc de là, et d’en faire ensuite une sorte d’équipe de super-héros à l’image de la Justice League du côté de DC ou d’une certaine équipe Avengers chez Marvel. Et avec en plus de cela la participation du chef opérateur Roger Deakins dont les compétences ne sont pas à remettre en cause.


Parce que oui, si on retire l’idée même que ce film est un long-métrage des fêtes de fin d’année et qu’on ne garde que l’aspect action, on a un film de super-héros pour enfant. Mais un bon film de super-héros, à travers une quintuplé de protagonistes chacun très bien défini. Chacun ayant ses bons moments à l’écran : Jack Frost restant le principal d’entre tous, un empêcheur de tourner en rond solitaire en quête d’identité et qui reste le plus attachant du lot pour l’ensemble des spectateurs même si sa voix française est parfois un peu faible au doublage. Nord le père Noël le plus bad-ass de l’animation américaine qui peut se montrer aussi chaleureux qu’imposant, la fée des dents hyperactive et surexcitée mais jamais pompeuse ou ennuyeuse, Bunny le lapin de pâque casse-cou avec la voix de Jérémie Covillault dans la VF et Sable le marchant de sable aussi drôle que muet.


Et ce sont avant tout les rapports développé entre Jack et ces gardiens qui vont constituer la principale force du film et le fil conducteur qui motivera le spectateur à s’intéresser à eux : chaque dialogue et chaque échange entre lui et l’un des gardiens est bien écrite et respire l’honnêteté, chaque instant nous les fait apprécier un peu plus et permet même de faire avancer la quête d’identité de Jack Frost ainsi que sa quête de reconnaissance par les enfants du monde. Et encore une fois on n’a pas affaire à des gags ambulant sans personnalité, sans chimie entre eux ni même aux têtes claques auxquels les mauvais Dreamworks à succès habituent le public dernièrement à quelques exceptions.


De même pour le travail apporté à l’antagoniste du croque-mitaine. Il me laisse un peu plus de réserve surtout quand on tente de l’humaniser dans ses liens avec Jack, mais on voit en lui une vraie menace, l’esthétique visuel apporté à ses pouvoirs est splendide et il en devient assez intimidant. Mais l’intérêt reste centré sur notre groupe de héros des fêtes, notamment Jack Frost.


D’ailleurs il est agréable de voir que le film ne néglige jamais l’ambiance au profit de son humour, il y a un vrai dosage qui se ressent tout du long. Peut être moins dans le rythme un peu rapide dans le premier tiers, mais le film sait quand il peut faire rire son spectateur, quand il doit être dramatique et donner des enjeux à ses personnages (aussi bien aux gardiens qu’à Jack) et quand il doit proposer du spectacle. Et du spectacle il en a à revendre, aussi bien lors des combats tous très immersif que lors d’une simple scène de décollage chez le papa Noël (il qu’il est bad-ass le papounet de Noël ?), sans oublier le climax tout aussi divertissant et qui termine sur une bonne note pour nos gardiens.


En parlant de la scène de décollage, l’esthétique visuel du film est un énorme plus puisqu’on a là un vrai changement complet de A à Z par rapport à l’animation habituel des studios d’animation Dreamworks. Tant par le travail d’éclairage du chef opérateur Deakins, mais surtout avec les designs des personnages beaucoup plus humanisés, bien plus authentique au niveau du chara-design et de leurs émotions montrés à l’écran plus réaliste. De même pour les décors et chaque environnement dans lesquels évoluent les gardiens : là il y a des vrais efforts créatifs, dans le choix des couleurs ou certains gags (le yéti qui peint les œufs en bleu plutôt qu’en rouge, la couleur des fêtes de Noël ou vice versa), le palais des dents à grande profondeur de champ, les sous terrains du royaume de pâques et les êtres qui peuplent chacun de ces royaumes allant des gros yeti pelucheux aux quenottes de la fée des dents. De même pour l'animation de la glace et du givre produit par le bâton de Jack Frost.


De même pour les morceaux musicaux d’Alexandre Desplats, notre compositeur national récemment récompensé aux oscars pour The Grand Budapest Hotel. La partition apporte pas mal de morceaux d’ambiance très réussis et le travail est globalement bien fait même si Desplats sera plus inspiré sur d’autres projets comme les derniers Harry Potter.


Dans son ensemble, Les cinq légendes est un très bon film de Noël et surtout un vrai bon Dreamworks comme on regrette de ne pas en voir plus. A placer parmi les longs-métrages de fin d’année comme La Reine des Neiges, L’étrange Noël de Monsieur Jack ou encore Le Père Noël est une ordure (sauf que là ça n’est pas de l’animation et que c’est plus trop la même chose). D’ailleurs ce film a, heureusement, eu sa communauté de fan qui s’est développé après sa sortie, en témoignent de nombreux fanart sur le couple fictif Jack Frost/Elsa sur lesquels on peut tomber sur le net (les fans de l’imagination à revendre).

Sauf que, devinez quoi ? Comme pour Sinbad, Spirit l’étalon des plaines ou La Route d’Eldorado, cette dernière tentative du studio de proposer une œuvre originale et honnête se soldera peut être par un succès critique mais un échec commercial en raison de son flop aux USA (même si mondialement son budget aura été remboursé largement) alors qu’à côté Madagascar 3 a rapporté gros. La suite, tout le monde la connait donc je ne radoterais pour ce que j’ai dis dans d’autres critiques. A part encourager autant de monde que possible à découvrir ce film plutôt que d’aller mettre leurs gosses devant un des derniers navets aux aspects de comédies périmée du dimanche matin, il n’y a pas grand-chose à rajouter.
Mais bon au moins, le film a eu son édition Blu-Ray contrairement à Spirit.

Créée

le 30 déc. 2016

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