Une histoire de survie drôle et émouvante

L’année 2014 est déjà bien entamée et pourtant depuis janvier, aucune comédie française ne s’était détachée du lot. Nous avons eu le droit comme chaque année aux mêmes œuvres clichées, ressassant gags déjà-vu, acteurs similaires et histoires codifiées. Certes, Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu fut un immense succès (plus de 10 millions d’entrées) mais malheureusement ce dernier accusait tous les travers des comédies hexagonales évoqués (et qui plus est banalisait les propos racistes). Mais heureusement, le premier film de Thomas Cailley, Les combattants, se distingue enfin de l’hécatombe humoristique française et comme ce fut le cas l’année dernière avec Les garçons et Guillaume à table (souhaitons-lui le même succès) se trouve être une comédie des plus réjouissantes, touchante et audacieuse. Cette dernière prend place dans le sud de la France où deux jeunes que tout oppose (le candide et la ‘’survivor’’) se retrouve dans le même stage de préparation pour l’armée, une situation donnant lieu à des scènes aussi hilarantes qu’originales. Mais la grande prouesse du réalisateur est de parvenir à mélanger les genres et déjouer leurs codes avec finesse (on passe de la romance au film d’aventures puis catastrophe avec une remarquable linéarité) tout en travaillant esthétiquement l’image (les couleurs froides, chaudes puis bleutées suivant l’action). Parsemée d’un humour caustique et intelligent, l’œuvre est ainsi empreinte d’une belle idée selon laquelle combattre notre société de consommation ultra-individualiste permettrait de faire naître la solidarité et le bonheur, un propos qui donne foi en une jeunesse libre et libérée des contingences matérielles.

Zoom sur … La sculpturale et stupéfiante Adèle Haenel

Agée de 25 ans, Adèle Haenel n’a joué à l’heure actuelle que dans 10 longs métrages et pourtant chacune de ses apparitions fut une révélation. En effet, cette dernière s’affirme, au fil de ses rôles, comme la future Simone Signoret ou autre grande actrice française au caractère affirmé et au jeu prodigieux. Elle débute sa carrière à 13 ans, à la faveur d’un casting sauvage, obtenant le premier rôle des Diables de Christophe Ruggia mais c’est son second film Naissance des pieuvres qui lui vaudra les prémisses d’une reconnaissance. Depuis, elle a joué avec de grands réalisateurs français comme Bertrand Bonello (L’appollonide) et Catherine Corsini (Trois mondes) et obtient l’année dernière une consécration méritée en recevant le césar de la meilleure actrice dans un second rôle (pour Suzanne de Solveig Quillévéré). On la retrouve d’ailleurs ce mois-ci dans deux excellentes œuvres L’homme qu’on aimait trop d’André Techiné et Les combattants, trouvant dans ce dernier enfin un rôle à la hauteur de ses qualités d’actrice.