Voici un agréable petit western de série B très plaisant, réalisé par un grand spécialiste du genre, André De Toth. Ayant abordé tous les genres avec succès, c'est dans le western qu'il a laissé ses plus beaux fleurons pour les fans dans mon genre ; son cycle western avec Randolph Scott n'est pas loin de valoir celui que Budd Boetticher consacra à la même vedette, car il a en effet succédé à Ray Enright et précédé Boetticher dans cette illustration du mythe minéral et flegmatique de Randy.
La rigidité, le côté monolithique et le visage de pierre de l'acteur ont certainement plu à De Toth qui a pu ainsi l'introduire dans des univers à la fatalité implacable. Il a apporté au western ce type de sentiment comme beaucoup d'autres réalisateurs issus d'Europe Centrale (De Toth étant d'origine hongroise).
Les Conquérants de Carson City est le second western où De Toth dirige Scott, précédé par le Cavalier de la mort, et suivi par les Massacreurs du Kansas, la Trahison du capitaine Porter, Terreur à l'Ouest et surtout le Cavalier traqué qui est une véritable perle et qui pour moi reste le meilleur. En tout cas, ici, De Toth fait preuve d'un solide métier et d'une adresse qui réussit à boucler promptement une intrigue qui va de pair avec une économie de moyens sans aucun doute liée à un faible budget. Randy Scott est égal à lui-même face à Raymond Massey qui incarne un méchant malin et poli mais qui rançonne étrangement ses victimes en leur offrant du champagne.