Janv 2010:

Après le Décaméron, il semblerait que Pasolini se soit vautré dans ces contes avec plus de délices, moins de retenue. Il offre à notre vue davantage de sexes, de seins. Plus érotique, plus scatologique aussi. N'ayant pas lu les contes, je ne sais à qui l'on doit cet aspect plus flagrant.

Les éléments de comédie, voire de burlesque -l'hommage de Ninetto Davoli à Charlot est le plus évident mais pas le seul- structurent beaucoup plus le récit. Les personnages sont toujours très cruellement desservis par des situations comiques. Ici l'humour très noir le dispute à un humour érotico-paillard, rose chair. Ces contes sont un rire gras, rabelaisien derrière lequel se cache comme le Décaméron une fascination mêlée d'appréhension profonde pour la mort.

Ayant vu les premiers volets de ce triptyque pasolinien peu de temps l'un après l'autre, peut-être que je me méprends sur les différences et les points communs,.n'ayant pas assez de recul pour faire une bonne comparaison. D'autant plus que l'aspect formel est identique : toujours cette direction d'acteurs improbables; décalés, toujours cette effervescence.

A peine note-t-on que les moyens sont plus importants : la figuration est en quantité impressionnante, les décors gigantesques, on a des rues entières qui sont mobilisées et transformées pour tenir cadre à l'action. Pasolini se paye même la trogne gargantuesque de Hugh Griffith pour compléter sa distribution italo-britannique.

Tous ces éléments mis bout à bout devraient emporter mon adhésion, or, je préfère sans problème le Décaméron, plus grave, moins mouvementé. Ces contes font trop la part belle au burlesque pour me ravir complètement.
J'avoue cependant que la vision de l'enfer comique de Pasolini est assez drôle et jubilatoire.
Alligator
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le 30 mars 2013

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Alligator

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