Inspiré de l’abominable histoire de John Bunting, tueur en série australien condamné en 2003, Justin Kurzel pénètre dans l’intimité de sa vie de « famille » avec autant de noirceur glacée que de chaleur familiale. Personnage aux multiples facettes, l’homme parvient à soutenir et aimer une famille de Snowtown, banlieue populaire d’Adelaïde, présentée par une mère vivant en déni vis-à-vis de ses enfants violés et déstructurés par son ancienne vie. Séducteur et paternel, il entreprend de construire l’éducation et le sens de la justice au fils ainé en se débarrassant de tout ce qu’il considère comme tares de la société. Après ses viols et traumatismes passés, l’ado se partage entre l’apprentissage ambigu, malsain et complice des tours de moto et des bons petits plats d’un coté, et des mises en scènes meurtrières, des supplices étudiés et des condamnations de pédophiles, toxicomanes, sdf et malades mentaux de l’autre. Quelle horreur devient la pire entre les excès de pédophilie ou ceux d’homophobie ?
Film qui choque et bouleverse, dont la mise en scène très intimiste adopte un style bien à lui. Il insiste autant sur les longueurs, les tortures et les repas entre amis, qu’il ne subit de raccourcis volontaires, d’amputations chronologiques et de changements de cadences. Insister autant sur les non-dits, la suggestion et l’arythmie du jeu finit hélas par faire perdre une partie du film.