Après l’insipide Reine des Neiges, voilà de quoi redorer le blason de l’animation rigolarde et inventive. Pourtant, ça partait plutôt mal, avec une introduction insuffisamment enlevée et trempant dans un humour potache loin de faire mouche à tous les coups. Mais c’était juste histoire de planter le décor et de nous faire rentrer dans le quotidien de ces Cro-Magnon bas du front, bagarreurs et forts en gueule, car la suite ne cesse de faire monter le curseur d’un cran à chaque nouvelle étape de la narration. D’abord avec l’arrivée inopinée d’un néanderthalien maigrichon et débrouillard qui fait du feu comme on se gratte le dos. Ensuite, avec les immenses périls que courent leur monde connu en raison des bouleversements géologiques majeurs de leur époque. On frise l’épopée. Et finalement, avec le questionnement bienvenu de la routine et des liens familiaux, destinés à être redéfinis en des temps troublés et qui ont tout à gagner d’un peu de modernité, de bienveillance et d’inventivité. Autant dire que la morale est directement applicable à notre époque incertaine où chacun se recroqueville sur ses positions acquises sans jamais sortir d’un ronronnement intellectuel ou simplement comportemental sans ambition. En prime, les images sont souvent magnifiques, notamment les explosions et les fumées telluriques, qui acquièrent un réalisme impressionnant et permettent des jeux de lumière innovants à couper le souffle. Et l’humour s’améliore grandement après la première partie. Le rythme est soutenu mais pas éreintant comme dans Rebelle, par exemple, les bavards ne sont pas trop têtes-à-claque comme dans Frère des Ours ou Le roi Lion, et la morale, si elle est sauve à la fin, est plutôt bon-enfant et ne cherche pas à nous ramener dans le giron mormon à coups vigoureux de chantage sentimental et de menaces apocalyptiques. La classe, en somme.