Les Croods
6.2
Les Croods

Long-métrage d'animation de Chris Sanders et Kirk DeMicco (2013)

Critique : Les Croods (par Cineshow.fr)

Par les créateurs de Madagascar… L’accroche avait de quoi faire peur d’autant qu’après le somptueux les 5 légendes, on aurait préféré que le matériel promotionnel y fasse davantage référence. Pour être honnête, c’est avec une certaine appréhension que je suis allé découvrir les Croods, nouveau film des studios Dreamworks depuis le rachat par la Fox surfant sur la vague de l’Age de Glace (à la pré-histoire) tout en insufflant un parfum de Rebelle (avec la jeune fille au cœur de l’intrigue en mal de liberté, rousse de surcroît . Les trailers n’étaient guère intéressants tout comme les affiches vendant une nouvelle grosse comédie pour enfants pas très exigeants comme le studio sait en faire de très mauvaises (Madagascar 3 en est d’ailleurs l’exemple parfait). Autant de craintes qui n’ont fait que renforcer la grande surprise que s’est révélée être Les Croods, pas forcément le film d’animation le plus frais de l’histoire mais un divertissement de haute tenu emmené par un rythme qui ne faibli jamais et des éclairs de génie aux détours de quelques scènes. Alors oubliez tout ce que le marketing vous a vendu, ne regardez pas les bande-annonces qui dévoilent tout ou partie de l’histoire et préparez-vous à 1h30 d’animation franchement quali !

Même si le nom de Chris Sanders ne vous dit probablement rien, c’est pourtant à lui que l’on doit l’un des meilleurs Dreamworks depuis la création du studio, Dragons. Une surprise qui n’était que la suite logique d’un parcours sans faute dans le milieu du dessin animé puis du film d’animation puisqu’on retrouvait déjà le bonhomme au scénario du Roi Lion, d’Aladin ou de la Belle et la Bête, rien que ça. Dès lors, on comprend que le script des Croods ne s’abaisse pas au niveau basique des productions jusqu’alors standards du studio et contienne même plusieurs niveaux de lecture franchement intéressants. Il ne faut pas 5 minutes aux réalisateurs (ils sont deux) pour nous plonger dans cette histoire suivant une famille des cavernes, poser les enjeux et démarrer en trombe le long-métrage. A l’instar d’un Toy Story 3 ou des Industructibles il y a 10 ans maintenant, Les Croods attaque très fort grâce à une séquence d’action incroyablement captivante, jouant de l’absence de contraintes physiques réelles pour se permettre des plans de caméras assez dingues et un rythme n’ayant rien à envier aux deux films susnommés. Justifié par le premier jour de chasse depuis l’hiver, cette ouverture regorge d’ingéniosité tant dans sa mise en scène que dans les messages qu’elle dévoilent puisque c’est par son biais que l’on découvrira les talents et donc personnalités de chaque membre de la famille.

Un travail tout en intelligence qui sera le mot d’ordre de ce nouveau long-métrage, alliant action, vrais moments de bravoure, humour (pas du tout débile) et discours sur l’émancipation, le besoin d’aller de l’avant et de prendre des risques pour se construire. L’exercice n’était pourtant pas si évident de prime abord. Comment arriver à traiter la pré-histoire sans tomber dans la copie du meilleur de l’âge de glace qui exploite le filon depuis une dizaine d’année ? Comment ne pas tomber dans un ersatz du dernier Pixar alors que la thématique centrale semblait a priori très proche ? Autant d’écueils que parviennent partiellement à éviter les réalisateurs qui livrent un long-métrage libéré de toute pression en définissant leur propre univers, leurs propres règles et surtout leur propre rythme. Malgré quelques redondances avec ce que les inspirations avaient déjà pu faire valoir (la grand-mère un peu soûlante la panoplie d’animaux étranges, certains obstacles liés à l’effondrement des sols et surtout, une structure familiale très proche de celle des Indestructibles), Les Croods parvient à se démarquer sans mal en se refusant à tout blague de situation trop évidente. La recherche de la surprise est permanente, que ce soit dans les situations à enjeux ou dans le texte, qui n’hésite pas à trancher à plusieurs reprises avec la tonalité bien-pensante générale pour nous livrer quelques répliques hilarantes (d’autant plus en VF avec le doubleur de Nicolas Cage dans le rôle du père qui n’hésite pas à en faire des caisses pour notre plus grand plaisir).

Avec comme parti pris de ne pas avoir de « méchants » dans cette aventure si ce n’est les éléments naturels et bêtes sauvages que la famille Croods rencontrera, l’équipe du film prenait un sacré risque, celui de perdre en intensité et en dramaturgie avec un éloignement grandissant au fil des minutes en n’ayant pas de force opposée immédiatement et facilement identifiable. Et pourtant, c’est sans doute là que réside le plus grand exploit du film, arriver à faire un film pour enfants jamais facile et qui se tienne dans la durée, quitte à sortir du schéma manichéen gentil/méchant présent dans quasi 100% des productions habituelles. Un choix osé pas toujours très bien maîtrisé (dès qu’un début de ventre mou se fait sentir, une scène de chasse est calée pour ne pas perdre en intensité) mais qui demeure cohérent du début à la fin. Une vrai petit tour de force que les scènes de découverte du feu et de l’écriture (en fin de récit) subliment par la poésie inhérente qu’elles véhiculent. Pourtant, malgré de très nombreuses qualités y compris visuelles (la gestion de la 3D est sensationnelle), Les Croods souffre d’un défaut majeur, l’émotion sincère. Par leur design pas forcément très empathique, l’attache aux différents personnages se révèle complexe d’autant que le film privilégie régulièrement l’action à tel point que les considérations des membres de la famille passent parfois au second plan. Un point qui n’aurait pas été un problème si le film avait été dans la moyenne pas forcément terrible dans anciens Dreamworks mais qui, au regard du discours de fond du film, marque par son absence.

Avec Les Croods, Dreamworks confirme l’inflexion prise avec les 5 légendes et Dragons il y a 3 ans, avec des scénarios plus mûrs, surfant moins sur un humour facile comme a une certaine époque, et surtout des réalisations élevées aux niveaux de certains Pixar. Alors que Cars 2 puis Rebelle n’avaient pas vraiment convaincu en ces lieux, on se dit que la firme fondée par David Geffen, Jeffrey Katzenberg et Steven Spielberg pourrait fort bien devenir le nouveau fleuron de l’animation de qualité dans ces prochains mois avec une ascension qui n’a semble-t-il jamais été aussi forte. Ce n’est pas encore parfait mais si chaque nouveau film pouvait avoir ce niveau de qualité et de finition, personne ne s’en plaindrait !
mcrucq
7
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le 2 avr. 2013

Critique lue 380 fois

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Mathieu  CRUCQ

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