Séparé de son acolyte de toujours qui réalise Dragons 2 en solo, Chris Sanders s'associe à Kirk De Micco pour cette nouvelle production DreamWorks. Qu'attendre de la rencontre du père de Lilo & Stitch et de celui qui a lancé Les Chimpanzés de l'Espace, chapeautés par nul autre que le grand John Cleese ?
Un film étrange et envoutant, au rythme haché, comme un témoin d'une volonté de raconter deux histoires différentes. Une, gorgée de merveilleux et d'exotisme, pleine d'action et de rebondissements et l'autre, plus terre-à-terre, gnagnante et sans surprise...
Qui a tiré la couverture dans quelle direction, je ne tenterai pas de le savoir, mais de cette lutte nait un film étonnamment équilibré. Car c'est de la partie gnagnante que nait l'émotion, et de la partie aventureuse que vient le discours.
Les Croods vivent dans une caverne, raffolent d'histoires et ne perçoivent du monde extérieur qu'une infime partie dont ils se contentent. Platon n'est pas loin... Les histoires de Papa Crood sont courtes, tragiques et n'inspirent que la peur. Une fois leur caverne détruite par un cataclysme, leurs vieux interdits littéralement brisés, les Croods vont se tourner vers un autre type de récit. Celui que leur sert Guy est irrationnel, ouvert à l'incertitude et ne connait jamais de fin. Aussi le film en vient à parler de l'art de la dramaturgie en son sein, à montrer des hommes-des-cavernes inventer les premières blagues de l'humanité quand elle est le plus menacée...
La progression de la famille Crood d'une foi à une autre se fait évidemment dans la bonne humeur, un humour ravageur et un certain sens de l'image. Les scènes de destruction de la terre sont d'un photo-réalisme presque dérangeant dans ce cartoon ! La partition d'Alan Silvestri est impeccable, et notez que le génial ingénieur du son Randy Thom prête sa voix à la petite Sandy...
Et puis, dans le dernier tiers, vient l'émotion. Toutes les scènes un peu forcées du triangle papa/fifille/beau-fils viennent prendre leur sens lors de la scène de l'invention du câlin. J'avoue avoir du sécher mes joues d'un discret revers de la main...