Ce film promettait de la poésie, et il a tenu ses engagements.
Son histoire éclot dans un décor typiquement japonais: cerisiers en fleurs, petite boutique de coin de rue, nourriture locale, collégiennes en uniforme….
Pas besoin d’avoir été prévenu pour reconnaitre tous les éléments qui suintent le Japon traditionnel.
Dans ce paysage onirique, on découvre Sen le travailleur acharné et volontaire qui passe son temps à cuisiner des dorayakis, supportant quotidiennement les babillements de groupes de collégiennes et aidant à l’occasion une jeune fille isolée et introvertie.
Il va découvrir auprès d’une vieille dame, Tokue comment faire sa propre pâte de haricots rouges et rendre ses dorayakis meilleurs
Cet échange de savoirs entre l’ancienne excentrique qui parle aux haricots et le gars qui l’écoute mi-gentil mi-bougon vient parfaire le tableau d’une vie de quartier de carte postale.
Leur collaboration apparait comme une parenthèse enchantée, un moment où tout semble prendre une place naturelle, où chacun retrouve goût à la vie.
Dit comme ça, ça ne semble pas bien folichon, je vous l’accorde.
Mais nous avons en fait un très beau conte, fait de respect, de traditions, de découverte de l’autre.
C’est là que la bande annonce s’arrêtait, et à vrai dire le film aurait été joli mais un brin décevant s’il n’était allé plus loin.
Les personnages vont se faire rattraper par une vie pas toujours tendre, et le spectateur par la même occasion se retrouver surpris qu’on le réveille du coton dans lequel il commençait à se lover.
A l’image des dorayakis, il est retourné comme une crêpe en quelques scènes.
Le tout reste traité avec délicatesse et poésie, mais le ton devient bien plus cruel, et nous conduit à aimer davantage la première partie qui était déjà charmante en elle-même mais se trouve embellie par le contraste avec de ce qui suit.
Un joli film sur la rencontre de trois personnes marginales, une réflexion sur la vieillesse, la maladie, la rumeur, la difficile intégration ou réintégration à un univers dont on est exclus.