À Tokyo, capitale japonaise et agglomération peuplée de plus de 42 millions d’habitants, Tokue, une vieille femme de 76 ans aux mains délicates mais malades tente de convaincre Sentaro, vendeur de dirayakis (pâtisseries traditionnelles japonaise qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits) de l’embaucher.
Ces deux personnages, un marchand en mal de clientèle et une retraitée, mêlent leur savoir-faire pour s’inscrire dans cette société qui les a expulsé en périphérie. Écartés chacun pour diverses raisons, l’un tente de se racheter d’une erreur passée en remboursant une dette infinie quitte à faire une croix sur ses ambitions et se retrouve à travailler le sucré, goût qu’il apprécie guère. Tandis que l’autre, Tokue tente de profiter des instants de la vie qui lui sont offerts. L’un comme l’autre, ils tentent de guérir grâce aux pouvoirs extraordinaires de la cuisinothérapie, une hétérotopie au sein de laquelle une hétérochronie existe. La cuisine, espace utopique où la créativité est insatiable, reçoit les haricots rouges que les deux cuisiniers s’évertuent à transformer le plus admirablement possible en haricots rouges confits dans un espace en rupture avec le temps réel.
Cette fable, plus écologique qu’elle n’y paraît, glorifie chaque élément constitutif de l’environnement des personnages. Chaque cerisier est un monde d’émerveillement. Chaque pétale une possibilité d’ailleurs. Chaque lune une compagnie affectueuse. Comme Tokue l’exprime : « Nous sommes nés pour regarder ce monde, pour l’écouter. C’est tout ce qu’il demande. » Tokue, maîtresse culinaire devient petit à petit maîtresse spirituelle pour Sentaro et c’est ainsi qu’il trouve sa place en son monde. Jamais une expérience cinématographique n’avait été aussi gourmande culinairement et sentimentalement parlant. Les gestes sont tendres, précis puis précieux.
Les délices de Tokyo est une madeleine de Proust qui se hume, qui s’écoute, qui se goûte.
A retrouver sur mon blog : https://lestylodetoto.wordpress.com/2019/04/25/les-delices-de-tokyo-une-madeleine-de-proust-qui-se-hume-qui-secoute-et-se-goute/