Mais… comment ce film a-t-il pu terroriser toute une génération ? C’est la question que je me pose encore à l’heure actuelle. Tout comme celle concernant le fait qu’autant de gens portent ce film aux nues.
Peut-être que j’avais dix ans de trop quand je l’ai vu à la télévision ou peut-être aurais-je dû vivre à l’époque de sa sortie puisque, pas une seule seconde, je n’ai ressenti le moindre en frisson en le regardant. En fait, durant tout le visionnage, j’étais partagée entre le fou rire et la consternation. Autant d’absurdités scientifiques condensées en si peu de temps, ça ne peut clairement pas faire un film qui tient debout.
Je dois vous avouer, j’adore les requins. Pour moi, ce sont des créatures majestueuses, belles et qui, malheureusement, souffrent d’une horrible réputation qui n’encourage pas vraiment les gens à les protéger (alors qu’ils sont indispensables à l’équilibre écosystémique des océans). Enfin bref, passons le chapitre écolo pour attaquer le point important : mes connaissances sur les requins. Elles ne sont certes pas colossales mais suffisantes pour saisir que le comportement de « Bruce » est totalement aberrant.
Sincèrement, les gens ont réellement cru qu’un requin – même blanc – était capable d’engouffrer un demi-chalutier ? A dire vrai, même un requin baleine (l’espèce la plus grande) en est incapable (au-delà du fait qu’il se nourrit de plancton, sa bouche ne s’ouvre pas assez pour accomplir une telle prouesse).
Ont-ils aussi sincèrement imaginé que cet animal pouvait être à ce point rancunier ? « Bruce » a ici le même comportement que n’importe quel tueur en série de saga du genre (Souviens-toi l’été dernier, Scream, Freddy, Halloween et cie), ce qu’aucun requin ne fait dans le monde réel. Il traque sa proie, certes (comme tout prédateur qui se respecte), mais si celle-ci n’est pas à son goût ou si elle se défend, il va aller voir ailleurs. Pas question de gâcher son énergie à poursuivre un truc dégueulasse ou dangereux.
Or, ici, on rentre clairement dans ce cas de figure. Les Hommes ne font pas partie des proies des requins – ils en mordent parce qu’ils ont une mauvaise vue et confondent les surfeurs avec les phoques (qui eux, font partie de leur régime alimentaire), et parce que leur seul moyen de goûter ou de tâter quelque chose d’inconnu, c’est en utilisant leurs mâchoires (vous avez vu des mains au bout de leurs nageoires, vous ?) –, l’espèce humaine aurait même plutôt tendance à les faire fuir. Et puis le héros a quand même pas mal de répondant pour que le requin puisse se sentir menacé. Donc, « Bruce » aurait dû se faire la malle dès le début du film.
Mais peut-être qu’il ne le fait pas parce que « Bruce » n’est pas un requin. « Bruce » est une maquette et ça se voit. Contrairement à E.T. ou aux créatures de la première trilogie Star Wars, ou, plus récemment, aux dinosaures de Jurassic Park, la maquette que l’on voit apparaître à l’écran est suffisamment peu réussie pour que l’on s’en rende compte immédiatement. A partir de là, difficile de se sentir terrifié à l’apparition de cette construction mal proportionnée. Oui, ce machin massif et compact n’a ni la finesse ni l’élégance d’un véritable requin et je ne peux donc me laisser porter à songer que c’est l’un des représentants de cette espèce qui joue la vedette dans le film.
Pour le reste, je n’en ai absolument aucun souvenir. Que ce soit du côté de la réalisation, du jeu des acteurs ou de la musique (à part le morceau le plus célèbre), je serai bien incapable de juger de leur qualité via les quelques images dont je me souviens. Ce qui est généralement mauvais signe. Donc c’est un 5.