Et dire que Les Dents de la Mer, titre français que Spielberg a toujours préféré à Jaws en VO, ne devait être au départ qu'un téléfilm comme Duel. Et dire que Spielberg n'avait même pas trente ans. Et dire qu'il n'a coûté que douze millions de dollars. Et dire que le tournage en 1974 a été entaché de problèmes techniques (filmer sous l'eau a tellement été prise de tête pour Spielberg qu'il ne veut désormais plus tourner sous l'eau), de mouvements de grève, de dépassements de budget occasionnant un retard dans la conception du film d'où la menace du patron d'Universal Pictures d'arrêter le film.


Mais ce sont généralement les tournages compliqués qui accouchent des grands films. A la fois huis-clos, thriller, film d'horreur, hommage à Hitchcock, on ne peut pas classer Les Dents de la Mer. Moi, ce qui m'a impressionné, c'est la maîtrise de Spielberg à seulement 28 ans. Une maîtrise et une maturité que ne possèdent et ne possèderont jamais certains metteurs en scène plus expérimentés.


Il a parfaitement su doser l'utilisation de la violence sans qu'elle ne devienne gratuite, montée de la tension et critique sociale : le maire de la station balnéaire préfère jouer la politique de l'autruche, nier l'existence du requin, plutôt que de perdre des touristes.


Le film rapportera 125 millions de dollars de recette aux USA, et 470 millions dans le monde. Il permet aussi à son célèbre réalisateur de connaître une consécration internationale après le faible score de Sugarland Express qui n'était pas non plus un film pour enfants comme Les Dents de la Mer. Donc résumer Spielberg à la naïveté d'E.T ou Hook est évidemment réducteur. Dommage que les suites ne soient pas à la hauteur de l'original.

Incertitudes
7
Écrit par

Créée

le 24 mai 2015

Critique lue 291 fois

3 j'aime

Incertitudes

Écrit par

Critique lue 291 fois

3

D'autres avis sur Les Dents de la mer

Les Dents de la mer
Sergent_Pepper
9

We’re gonna feed a bigger throat.

Autour de l’île d’Amity, l’eau qui scintille est une promesse universelle de loisir. Pour les étudiants et leurs joints, dont les bains de minuit forgent parmi les plus beaux souvenirs d’une jeunesse...

le 14 sept. 2014

108 j'aime

15

Les Dents de la mer
DjeeVanCleef
10

Derrière la porte (entrou)verte..

La première fois que j'ai vu ce film, crois-moi si tu veux, c'était sur FR3. L’ancêtre de France3. Et ça devait être un jeudi, il me semble. Je l'ai vu, accroupi derrière la porte du salon...

le 11 oct. 2013

89 j'aime

41

Du même critique

Marche à l'ombre
Incertitudes
10

"J'ai été attaqué par des renards tout à l'heure"

Marche à l'ombre est assez proche de Viens chez moi, j'habite chez une copine. La présence de Michel Blanc bien sûr. Mais les thématiques sont similaires. Chômage, précarité, crise du logement,...

le 8 nov. 2015

13 j'aime

1

Heureux qui comme Ulysse...
Incertitudes
8

Critique de Heureux qui comme Ulysse... par Incertitudes

Lorsque Fernandel tourne ce film, il n'a plus tourné depuis deux ans. Il se dit marqué par le décès de son copain Bourvil. Vous l'avez deviné, on n'est pas ici dans la grosse comédie. Le comique...

le 11 janv. 2015

10 j'aime

3

Les Tontons flingueurs
Incertitudes
10

Critique de Les Tontons flingueurs par Incertitudes

Les Tontons flingueurs marquent la première collaboration entre Lautner et le dialoguiste Michel Audiard et le début d'une trilogie qui s'est poursuivie avec Les Barbouzes et Ne nous fâchons pas. Il...

le 23 nov. 2013

10 j'aime

4