La première fois que j'ai vu la bande annonce de "Les Derniers jours du monde", c'était en juillet 2009, la veille de mon départ en vacances sur la côte basque, en pleine psychose Grippe A.

Autant dire que la vision de cet objet cinématographique promotionnel fût troublante avec ses images de Biarritz et ses festayres (de Pampelune, mais qui auraient pu être bayonnais) évoluant dans ce clip suggérant virus et mises en quarantaines avec des tranches de Catherine Frot dedans.

Tout cela, additionné au fait que j'ai héroïquement survécu sans vaccin à la Grippe A, faisait que je ne pouvais pas être objectif en regardant le film, tout de même plus d'une année plus tard...

Et là il est temps d'assumer sa subjectivité, j'ai adoré ce film (adapté d'un roman de Dieu-sait-qui), en forme de pseudo road-movie où MAtthieu Almaric pourchasse une belle inutile qui se complait à disparaitre... autant que j'en cherche toujours le sens.

Le film fonctionne en effet sur deux tableaux qui s'associent difficilement, sauf à vouloir y voir un parti pris mystico-religieux assez basique : le pécher de chair est méchamment puni, en particulier ici où l'apocalypse est plurielle en même temps qu'elle est très ciblée. [spoiler]Impression qui se confirmera quand le spectateur s'amusera à faire le compte des survivants [/spoiler].
Bien sûr l'image fonctionne aussi dans l'autre sens, au fur et à mesure que la pelote de laine de l'apocalypse se déroule, la moralité tombe un peu partout et toutes les barrières morales disparaissent.

Mais trêve de quête de sens, qu'est ce que le cinéma (même à la maison), sinon la possibilité de jouir de magnifiques images ? de s'adonner à l'hédonisme visuel ?
Ici le choix des corps et des décors, leur utilisation au service du récit justifient déjà que l'on se consacre à ce film. Où comment une foule bien dirigée (à Pampelune), un paysage découpé (Biarritz), des architectures massives (choix des lieux à Toulouse, en Espagne...), participent à la mise en place de cette ambiance fin du monde quand bien même le film nous épargne tout le détail des catastrophes en chaîne qu'il relate (vous avez cru que c'était Hollywood ???). A aucun moment le spectateur ne sera donc frustré par une sobriété pourtant réelle quand il s'agit d'évoquer la successions des malheurs qui viennent frapper l'humanité, le film baignant dans le baroque et dans l'exagération permanente. Gozilla débarquerait qu'il ferait un bide dans le décor, anyway...

L'apocalypse peut donc être tranquillement suggérée, tant chaque plan l'incarne et nous rappelle le désastre imminent, en cours... Même le noir n'avait jamais été aussi bien filmé sans doute que dans cette scène finale pas très éloignée de l'ouverture d'un Dancer in the Dark. S

L'autre pilier du film, le sexe, n'est pas en reste et bénéficie d'un traitement tout aussi soigné. Et pareil si on ne nous montre pas tout (vous avez cru que c'était du Marc Dorcel ???), on ignore rien des pratiques qui ont lieu entre les partenaires à l'écran, partenaires dont les formes et les couleurs ne nous auront été censurées d'aucune manière dans le déroulement des faits débouchant sur l'Acte (avec un grand S, voir un gros Q, mais assez souvent avec une mort certaine au bout).

Je recommande donc le film pour son application de la loi de Murphy à l'échelle macro de la planète et à celle, micro, du pénis. Je retrouve dans ce film la possibilité de jouir d'une œuvre, sans me prendre la tête à lui donner du sens, uniquement pour la beauté de l'œuvre, les sentiments qu'il procure vis-à-vis de ses personnages, et tant pis si j'ai raté un truc, les frustrés sont invités à s'acheter les Cahier du Cinéma où à lire ici même des critiques un peu plus prises de tête la prochaine fois...
sad_punk
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le 23 sept. 2010

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sad_punk

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