Magistral ! Le véritable tour de force des Diaboliques réside dans sa formidable capacité à contredire un genre : celui du polar. Avec un talent et un sens de l'anticonformisme détonnant Henri-Georges Clouzot signe un film policier dans lequel ce sont les meurtriers qui mènent l'enquête. Passionnante du début à la fin, l'intrigue des Diaboliques est la parfaite définition de la manipulation cinématographique : refusant le classicisme scénographique très en vogue à l'époque ( nous sommes encore en 1955, quelque temps avant la Nouvelle Vague ), Clouzot dirige sa caméra de main de maître, faisant la part belle aux panoramiques et à l'image centrifuge... L'interprétation de Paul Meurisse et celle de Simone Signoret valent rien qu'à elles seules le visionnage : conjuguant avec un naturel fracassant naturel, sobriété et cruauté, les deux acteurs atteignent des sommets de dramaturgie. On passera sous silence le dénouement du film, l'un des plus bluffants jamais conçus, puisqu'il y va de la volonté du réalisateur et de la nôtre. Noir comme le cyanure, Les Diaboliques est une véritable leçon de cinéma.