Ce petit film n'a jamais eu l'heur de remuer les foules en bien comme en mal. Du moins est-ce l'impression que j'ai. Ni objet de culte, non plus que vilipendé, le film se tient une réputation de sous "sous-doués" alors qu'il en est l'exacte copie. Ni meilleur ni pire, il suit le même cours, la même structure. Les mêmes ingrédients sont utilisés sans vergogne.

Il n'y a pas jusqu'à la musique d'Olivier Dassault qui semble directement extraite de la bande son des sous-doués. Les mêmes élèves pas sérieux, queutards mais en fin de compte assez brillants pour concevoir les blagues de potache les extravagantes, font les 400 coups, les 400 gags devrais-je dire, pour remplir les vides laissés par un scénario exempt de toute originalité. Le problème du film vient essentiellement de là, du fait que les sous-doués, charlots et autres bidasses ont déjà fait exploser le box-office de la fin des années 70 et le début des années 80.

Mais ce manque d'originalité ne doit pas non plus masquer le simple plaisir, puéril, peut-être, certes, inconvenant, sûrement, qu'on éprouve à voir Michel Galabru faire ses grimaces, Marie Laforêt mimer la grande bourgeoise cool ou d'autres comédiens faire leur numéro. Il y en a quelques-uns qu'on n'a pas beaucoup revu depuis ce film, comme Philippe Manesse (sauf dans un Kieslowski) ou Patrice Minet et qui ne sont pas sans apporter une plus-value comique à ce film. D'autres faisaient leur classe et ont bien du mal à cacher la pauvreté de leur jeu, je pense ici à Patrick Bruel, encore un peu frêle sur ce point à ce moment là. Étonnamment mauvais comme un pou ici, heureusement pour lui il s'étoffera par la suite.

Il n'en demeure pas moins que cette grosse blague sur pellicule affiche une irrévérence, un peu forcée parfois c'est vrai, m'enfin, entre toutes les petites bouses du genre que le ciné français a osé produire durant ces années-là, je confesse que j'ai nourri une sorte d'addiction, calmée depuis avec l'âge, mais qui s'est muée en une simple affection, imprégnée sans doute d'une bonne dose de nostalgie. Et donc je l'ai revu encore une fois avec plaisir.

S'il y a bien un truc qui m'échappe complètement, c'est que le film soit écrit et réalisé par Christian Gion. Il s'agit d'un cinéaste déroutant capable du bon et du pire, un cinéaste que j'aime bien par ailleurs quand il fait "Le pion" ou "Le provincial" et qui m'irrite quand il pond "Sup de fric" ou "Le bourreau des cœurs". Ses bons scenarii ne sont pas sans une jolie part de poésie. Ces films laissent deviner une grande tendresse pour ses personnages, un peu effacés, très simples, naturellement humains. Ses films font alors preuve de délicatesse, un peu décalés par leur naïveté excessive.

Or, avec ces diplômés, on est très loin de cette douceur. C'est au contraire brut de décoffrage, grossier, lourdaud. Oh certes, le film n'est pas méchant, mais il est juste rigolard, ce qui ne ressemble tellement pas à ses meilleurs films.
Alligator
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le 17 juil. 2013

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Alligator

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