Avant j’aimais bien Golden Moustache. Mais j’ai pas envie d’être le énième à plagier un slogan connu.
Golden Moustache c’est la chaîne YouTube d’un collectif de vidéastes et d’humoristes rigolos à leurs heures, un peu comme le Studio Bagel. Consacrée à l’humour et parfois la critique, Golden Moustache a finalement basculé dans le trop politiquement correct, desservant une formule satirique mal digérée destinée à faire de la tolérance et le strict respect des différences les quasi-maîtres-mots de son concept, à côté d’un humour en baisse. C’est bien. Mais la tolérance et le strict respect des différences deviennent cependant des concepts nauséabonds quand on les affiche à tout va et à toute les sauces. Bref, la politique c'est chiant, passons.
Au sein de Golden Moustache, un trio d’humoristes : Suricate, une espèce de concentré d’humour absurde et de délires entre potes, qui, après le succès de vidéos telles Superheroes hangover ou Movies vs Life, décida de stopper les vidéos. Du moins c’est que les fans craignirent, jusqu’à ce jour fatidique de la sortie de la bande-annonce, l’événement YouTube (français) de l’année : Suricate va sortir un film. Ce qui n’est en fait que la confirmation de la tendance youtubesque à imiter le cinéma.
On assiste donc à un film en compagnie de ces « célébrités » que sont Julien Josselin, Raphaël Descraques et Vincent Tirel. On aborde ainsi le premier problème des Dissociés : la place de chaque comédien. Pendant tout le film, on regarde Julien et Raphaël qui ne sont pas Julien et Raphaël. L’échange de corps immédiat inscrit chacun d’entre eux dans un flagrant problème d’identification : après avoir assisté à la dissociation de ces deux gaillards avec deux branquignols quelconques, peut-on encore les voir, désincarnés de leur âme ? Ce sont bien eux à l’écran, mais vraiment difficile de vraiment les voir dans leur rôle, tout en observant chaque acteur continuant à se désincarner des dizaines de fois tout au long du film.
Au reste un scénario bateau et pas original pour un sou, un casting YouTube cinq étoiles pour gonfler l’audience, le politiquement correct inadéquat au propos originel de Suricate dans leurs précédentes vidéos (parler d’homosexualité, de transexualité, bien évidemment, mais arrêtez de changer votre style pour y correspondre quoi…), et un humour… extravagant. Quand les deux gags principaux d’un film tournent autour des flatulences et d'un pauvre mec hagard se promenant en slip, il y a de quoi être circonspect.
Heureusement que ce film n’est disponible que sur YouTube, au moins il n’y a pas de risque de regretter son achat. Mais dommage que Suricate l’ait préalablement proposé en séance cinéma publique, certains pourraient avoir regretté le prix du billet (après coup. Bohouhou)…