Travaux de pros

Je ne sais pas si c'est l'abasourdissement post « Brutus vs César » ou, beaucoup plus logiquement, le décès de Roger Carel qui m'a donné envie de revoir « Les Douze Travaux d'Astérix », d'autant que pas revu depuis une éternité, j'avais peur. Peur que mes beaux souvenirs d'enfant soient mis à mal par une déception, des gags qui ne fonctionneraient plus, des années qui auraient fait du dégât sur la qualité du récit. Et pourtant... Mes craintes d'adulte se sont vite volatilisées dès les premiers instants. Musique, présentation, personnages, façon très claire de planter le décor, le récit et ses enjeux : rien d'incroyablement sophistiqué, mais c'est efficace, solide, cohérent, jouant légèrement des anachronismes sans en abuser.

Vient alors le temps des épreuves, certes légèrement inégales (notamment dans leur durée), pas mal dans une logique de film à sketchs et souvent un peu trop faciles, mais souvent savoureuses et bien rythmées, s'enchaînant avec fluidité (bien que l'ordre de difficulté ne soit pas très logique). Le film assume totalement son choix de pure comédie : aucun moment réellement grave, mais beaucoup d'idées, d'ingéniosité, d'autant que très exceptionnellement, le scénario n'est pas inspiré d'une bande-dessinée. S'il ne fallait en retenir qu'une, cela serait évidemment l'obtention du laissez-passer A38, mais j'ai tout autant adoré les prêtresses de l'île du Plaisir (la façon dont nos deux héros parviennent à s'en sortir est assez géniale), avec allusions modernes sympas sans être appuyées.

Même l'animation, datée mais efficace, participe au charme de l'entreprise, comme certains personnages, dont l'inénarrable et (involontairement!) très drôle Caius Pupus. Seul aspect ayant vraiment vieilli : les amusements autour des animaux, très dispensables. Mais bon, il suffit de voir à quel point presque chaque scène est réapparue immédiatement dans mon esprit pour se rendre compte du souvenir inaltérable laissé à des millions de français par ce film aussi intemporel que ne l'était la voix de Roger Carel. Savoureux.