Quelque part entre Sa Majesté des mouches & Bugsy Malone, dans un entredeux infertile déserté de tous, Nicolas Bary a fait surgir Les Enfants de Timpelbach. Adaptation qui était pour lui un rêve d’enfance, il l’a réalisée en mode Petit Nicolas, en totale communion avec les enfants acteurs & dans une esthétique très contrastée & surnaturelle qui coupe aussi bien Timpelbach du reste du monde & du temps que Burton arrive à le faire (dont Bary s’est inspiré), ou Ron Howard dans Le Grinch. Je vais arrêter là avec les références ; de toute manière, c’est à peu près là que s’arrêtent ses points forts & il ne faudrait pas trop le flatter.
Sans fluidité, les scènes essayent tant bien que mal d’épouser les reliefs de rushs dont on a tiré une sorte de best of du jeune casting ; tout le monde a un peu confondu “jouer un rôle” & “jouer” tout court. L’univers méritait de se révéler dans des sous-narrations qui sont finalement toutes reléguées au profit du culte de la spontanéité, lequel est si poussé que l’œuvre finit par être ni plus ni moins qu’un film POUR enfants. Ne généralisons pas : ce n’est pas forcément péjoratif. Mais là si.
L’animation 2D & 3D, qui nous lance sur les chapeaux de roue dans l’espoir d’un monde bariolé qui aurait pu assommer de richesse, se révèle déplacée, voire moche, & finalement le monde nous assomme tout court, lui aussi. Le côté Sa Majesté des mouches ? Inexistant : les enfants, seuls dans le village de Timpelbach, font ce qu’ils veulent, eeeet… continuront de faire ce qu’ils veulent. Les parents, d’abord marionnettes de leurs enfants malgré eux, deviennent véritablement les marionnettes du scénario, dont on attend à peine qu’ils réagissent face à des succédanés d’antagonistes dont on ne saura littéralement rien : ni qui ils sont, ni pourquoi ils sont “méchants”, ni pourquoi ils arrêtent de l’être.
Timpelbach, où aurait pu se déployer le talent de jeunes acteurs dans un cadre plein de personnalité, devient une aire de jeux qui semble avoir expérimenté de tourner avec des enfants sans avoir de direction artistique – on leur a juste donné des lignes pour les guider. Le genre de “mystère” que j’ai arrêté d’apprécier à 5 ans.
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