Le nom d’origine des Envahisseurs de l’Espace est Gezora, Ganime, Kameba: Kessen! Nankai no daikaijû ; le ton est donc donné d’entrée, ce sont 3 monstres que les humains auront à combattre sur cet ilot du Pacifique : le poulpe Gezora, le crabe Ganime, et la tortue Kameba. Pour le reste, nous retrouvons les ingrédients typiques du genre : une expédition composée essentiellement de scientifiques et de journalistes – mais aussi des promoteurs immobiliers, une chair à canon des plus classiques – un peuple indigène qui vénère les monstres locaux, des attaques successives jusqu’à ce que les humains trouvent un moyen de s’en débarrasser, mais aussi un côté kitsch plus prononcé que d’habitude. En effet, quand il s’agissait de faire vivre les Kaiju à l’écran, les studios Toho utilisaient alors deux méthodes : des humains costumés pour les humanoïdes comme Godzilla, et des marionnettes pour les non humanoïdes comme Mothra ; sauf qu’ici, ils ont choisi de concevoir des costumes pour chaque créature, et cela ne permet jamais de créer l’illusion : les pieds de l’acteur incarnant Gezora occupent clairement deux de ses tentacules, et Kameba n’est rien d’autre qu’un humain à quatre pattes avec une carapace sur le dos… Cela nous donne l’impression que les créateurs de ce film ont été paresseux, et auront joué la carte de la facilité. A moins que cela ne vienne d’un problème de budget, les autres effets spéciaux souffrant eux-aussi de ratés.

Contrairement à d’autres films de Honda, celui-ci doit être regardé non pas pour son épouvante ou pour son aventure humaine, mais bien par son potentiel comique plus ou moins volontaire. Certes, Mothra étant une mite géante, nous pourrions la trouver ridicule ; mais le personnage fonctionne. Là, par contre, Gezora et Ganime dégagent plus de bonhommie qu’autre chose, malgré les dégâts qu’ils peuvent provoquer. La preuve : il suffira d’un groupe réduit d’individus dépourvus de toute arme lourde pour s’en débarrasser ; non sans quelques pertes humaines, mais cela reste négligeable pour éliminer 3 Kaiju.
Le scénario réserve bien quelques surprises – comme la raison derrière ces attaques, la méthode employée pour éliminer les monstres, ou encore le destin d’un des protagonistes pourtant présenté comme malfaisant – mais l’ensemble reste linéaire et naïf. Les Envahisseurs de l’Espace incarne donc bien les dérives nanars du genre, probablement voulues par un réalisateur qui en 1970 n’avait plus rien à prouver. Il est aisé de s’attacher aux personnages, donc leurs aventures se laissent suivre ; pour le reste, il faudra apprécier les attaques de monstres et les cérémonies tribales kitsch en tant que plaisir coupable, sous peine de ne pas supporter ce long-métrage.

Honnêtement, ce film est loin de figurer parmi les meilleurs du cinéaste, ni parmi les meilleurs du genre. Dans un cas comme dans l’autre, il sera conseillé de commencer par les premiers Godzilla et Mothra pour acquérir les bases, puis de passer aux aventures fantastiques plus ambitieuses comme Les Envahisseurs attaquent, Ataragon, ou Ghidra : Le Monstre à 3 Têtes. Après, seulement, il sera temps de se confronter aux productions plus enfantines et décalées.
Les Envahisseurs de l’Espace n’est pas représentatif des qualités du Kaiju Eiga, mais reste une curiosité des plus divertissantes pour public averti.

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le 6 févr. 2014

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Ninesisters

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