Créé par le légendaire Jack Kirby dans les années 70's, pour ensuite être modernisé par Neil Gaiman & John Romita Jr entre 2006 et 2007, LES ÉTERNELS réalisé par Chloé Zhao est donc, comme son prédécesseur Marvel, Chang–Chi et la Légende des Dix Anneaux, une nouvelle découverte. Ne connaissant pas du tout la BD d'origine, il n'est pas question de juger une adaptation, mais de découvrir un nouvel univers. Autre aspect intéressant est que le film est réalisé par Chloé Zhao (Óscar du meilleur film pour Nomadland en 2020) une cinéaste venue du cinéma d'auteur.
Envoyé sur terre par des créatures cosmiques, les Célestes, les Éternels sont arrivés sur terre il y a plus de 7000 ans. Leur unique mission est de protéger les êtres humains de créatures, nommées Déviants. Bien que ne prenant pas parti pour les conflits terrestres, tout au long des époques, ils ont parcouru le monde et sont devenus des divinités. De nos jours, ils se réunissent à nouveau, car les Déviants sont de retour...
L'éternelle question quand un cinéaste issu du cinéma indépendant se voit confier la réalisation d'un film Marvel, est de savoir s'il ou elle va réussir à imposer son style. Et c'est bien la première surprise du film, Chloé Zhao semble avoir marqué le long-métrage de son empreinte, du moins en partie.
Presque entièrement tourné en décors extérieurs, Les Éternels et visuellement très réussi. Tout cela, on le doit principalement aux immenses et impressionnants espaces naturels filmés par la réalisatrice comme dans ses précédents films, mais également au chef opérateur Ben Davis. Ici, le film est quasiment dénué de fonds verts à l'excès.
Les personnages super-héroïques, sont ici très nombreux, la longueur du film aidant, ils ont tous ici l'occasion d'être développé plus ou moins bien. La réalisatrice parvient à insuffler beaucoup d'humanité à ses héros cosmiques, en insistant sur les sentiments propres à chacun et la passion que certains d'entre eux peuvent ressentir pour les habitants de la planète Terre, qu'ils arpentent depuis des millénaires. Au final, les dix personnages qui composent Les Éternels, sont assez peu définis, mais sont surtout développées par leur propre attitude et leur manière d'agir les uns envers les autres.
Mais le talent de Chloé Zhao ne suffit pas toujours à effacer le cahier des charges imposées par Marvel Studios. Malheureusement, il faut contextualiser le film après les événements de la Guerre de l'Infinité et donc faire en sorte que le film se déroule également dans notre époque. Il faut aussi ajouter de l'humour au ras des pâquerettes, auquel nous sommes habitués et ce bien malgré nous. C'est un peu dommage, car c'est justement quand le film s'éloigne de notre époque et qu'il nous offre des moments un peu hors du temps, qu'il devient réellement beau et passionnant. En effet, quand le film se passe dans des époques antérieures à la nôtre et qu'il développe les enjeux cosmogoniques du récit, on se rend vite compte qu'on a affaire à quelque chose de nouveau dans l'univers cinématographique Marvel. C'est cette différence de ton, qui donne au film un aspect un peu inégal et cette impression de cassure entre époque antérieure/contemporaine qui fait que le film tire parfois un peu trop longueur. Surtout, que l'aspect moderne et contemporain est très moche et beaucoup plus faible en termes de mise en scène. Le montage final aurait mérité d'être raccourci d'au moins une demi-heure, pour rendre l'ensemble du film plus fluide.
Heureusement, Les Éternels parvient à combler une grande partie de ces petits défauts par sa mise en scène très maîtrisée. Il nous offre d'ailleurs un épilogue et une bataille finale très impressionnante qui nous démontre avec efficacité toute de l'étendue des super-pouvoirs de nos héros. Un des plus beaux final auquel nous avons pu assister dans un film de super-héros.
En bref ! Les Éternels est un film vraiment à part dans le MCU. Malgré ses quelques petits défauts et des longueurs inutiles, Chloé Zhao parvient avec savoir-faire à rendre tangible les émotions de ses héros, tout en offrant un film impeccable visuellement.