Morgan de toit
J’aime les films de prison. Ce que j’aime c’est ce sentiment assez paradoxal de liberté qui transpire souvent de ces récits. Les petites choses, les petits trésors qui rappellent de façon aussi...
le 12 févr. 2013
87 j'aime
22
Un film que je revois toujours avec beaucoup de plaisir, et qui a une place importante pour moi. D'abord parce qu'il s'agit d'une excellente adaptation d'une nouvelle d'un bouquin de Stephen King, qui m'a enseigné une chose essentielle, qu'on peut tenir un lecteur en haleine uniquement par la force de l'intrigue et de ses personnages, et non par une tension quelconque visant à nous effrayer, ce que reproduit très bien Les évadés (mené par d'excellents acteurs, Tim Robbins en tête qui campe avec beaucoup de subtilité cet ex-banquier à la personnalité paradoxale). Et vient ainsi ma deuxième raison, qui a peut-être fourvoyé certains spectateurs qui placent la série Oz comme modèle d'une prison crédible (traduction : glauque, violente, sans concession), à savoir que cette retenue dans les effets a permis justement d'humaniser les prisonniers, de rendre possible l'empathie, et pourquoi pas, de jouir avec eux de leurs petits instants éphémères touchés par la grâce (car si le cadre était totalement détestable, ça n'aurait pas fonctionné).
Une histoire qui s'apprécie d'abord par un personnage principal intéressant : Andy, un homme "faible" accusé du meurtre de sa femme, et se disant innocent de son crime. Ce n'est donc pas par la force qu'il pourra résister à ses assaillants (qui sont nombreux, même s'ils "frappent" rarement : le directeur, les matons, les "soeurs", etc.), ce qui fait tout son charme : rester lui-même comme s'il était dehors, et offrir son intelligence (et donc acquérir une valeur) à ceux dont il a besoin de protection. Mais ce que j'aime par dessus tout, c'est ce fil narratif tranquillement instillé mais d'une densité incroyable autour du thème de la prison, son impact sur l'âme et l'espoir, ce qu'elle nous prend, et ce qu'il faut faire pour préserver ce qui fait de nous des hommes, pour résister à son appel du formatage et de l'habitude ainsi qu'à la perte complète du goût de la liberté et de la joie. Même si la réalisation est "classique" de facture, elle n'en est pas moins soignée (avec Roger Deakins à la photo), dotée d'un montage astucieux qui joue avec les faux-semblants, et livrant beaucoup de belles scènes remplies d'émotion (comme la fois où Andy laisse le vinyle en marche à l'adresse des prisonniers, qui fait goûter à chacun un sentiment qu'on ne peut opprimer).
Vous l'aurez compris, ce film est pour moi un Masterpiece, pour de nombreuses raisons (qui ne sont pas celles de IMDB, l'ayant découvert bien avant l'existence de ce site), et parce que tout me semble être à sa place sans fausse note, comme son rythme tranquille qui reflète très bien l'humeur patiente d'Andy ainsi que l'effet sournois du temps sur ses personnages. Et aussi car il a cette force communicative d'être libre et soi-même, même lorsque les conditions ne sont pas réunies. Enfin, il nous propose l'une des plus belles fins de cinéma, qui en plus de couronner l'entreprise folle d'Andy, est un superbe hymne à l'amitié, et nous fait goûter à ce qu'on pourrait appeler un paradis en fait tout simple, mais authentique et touchant.
Créée
le 10 mai 2017
Critique lue 200 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Les Évadés
J’aime les films de prison. Ce que j’aime c’est ce sentiment assez paradoxal de liberté qui transpire souvent de ces récits. Les petites choses, les petits trésors qui rappellent de façon aussi...
le 12 févr. 2013
87 j'aime
22
Les évadés fait parti de ces films qui marquent, pour ma part je ne l'ai découvert que cette année et il est un de mes plus gros coups de cœur (si ce n'est le plus gros) comme quoi SensCritique a le...
Par
le 29 juin 2017
70 j'aime
24
Attention, cette critique contient des spoils! Voici un grand film. Je le dis simplement, sans essayer de m'excuser, sans trouver ça facile, ni niais; en assumant pleinement tout l’intérêt que je lui...
Par
le 20 févr. 2014
69 j'aime
30
Du même critique
C'est avec ce second épisode que je prends enfin la mesure de cette ambitieuse saga feuilletonesque sur les yakuza, qui mériterait plusieurs visions pour l'apprécier totalement. Alors que j'étais en...
Par
le 15 avr. 2017
8 j'aime
J'avoue avoir repoussé la séance à cause de l'aspect expérimental de cet animé de peur de me retrouver dans du sous Lynch un peu trop obscur (non que je déteste l'idée, mais ça peut rapidement tomber...
Par
le 5 mars 2019
8 j'aime
C'est l'un de mes maîtres à penser, avec sa fameuse formule : "l'homme n'est pas un empire dans un empire", autrement dit, l'homme fait partie de la nature, il en partage les mêmes lois (il n'est pas...
Par
le 15 janv. 2015
7 j'aime
1